dimanche 22 septembre 2013

NON À L’IMPUNITÉ.




Le premier discours à la nation du Président Macky SALL en avril 2012 fut marqué par une volonté ferme de rompre avec les pratiques peu orthodoxes dans la gestion de nos affaires publiques. A cette occasion le Président disait ceci : « Au Gouvernement, je donne mission de traduire en actes la forte aspiration au changement massivement exprimée le 25 mars. Cette occasion historique constitue pour nous tous, un nouveau départ pour une nouvelle ère de ruptures en profondeur dans la manière de gérer l’État au plan institutionnel et économique ». En tenant ce propos, le Président avait donné un signal fort à l’endroit de tous ceux qui ont eu ou aspirent à gérer les deniers publics. Dès lors, quoi de plus normal que ceux qui se sont enrichis sur le dos du pauvre contribuable répondent de leur gestion devant la justice ? C’est en cela que la convocation de Karim Wade par la cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) et son actuel séjour à la prison de Rebeuss sonnent à la fois comme une exigence démocratique et une leçon à tous ceux qui aspirent à s’enrichir indûment. Dans le même sillage le Président avait averti ses collaborateurs actuels par le propos suivant : « C’est pourquoi, je tiens à ce que toutes les femmes et tous les hommes qui m’accompagnent dans l’exécution du contrat de confiance qui me lie au peuple, comprennent et acceptent que cette mission ne crée pas une catégorie de citoyens privilégiés, au-dessus des autres et de la loi ». 


Les manifestations de soutien orchestrées par des politiciens à l’égard de Karim Wade ne sauront être l'arbre qui cache la forêt car c'est de la poudre aux yeux des Sénégalais. Ceux qui s’évertuent à le faire espèrent exercer, par le tapage, leur propre défense. Donc, il ne s'agit point d'un acharnement, ni d'une chasse aux sorcières, mais tout simplement d’une obligation de rendre compte comme cela se fait dans tout pays organisé. L’activation de la CREI et la mise en place de l’OFNAC (office national de lutte contre la fraude et la corruption) constituent des dispositifs juridiques républicains qui méritent d’être salués et encouragés. Notre pays a trop souffert des crimes économiques impunis. Il est temps d’instaurer dans nos pratiques managériales la culture de contrôle et de reddition des comptes. Aux partisans de Karim Wade et à sa cohorte de robes noires sous l’égide de son ex collègue maître El Hadji Amadou Sall, nous rappelons que la prison est un haut lieu du pacte républicain et que nul ne doit être au dessus des lois.


Dans un pays si faiblement classé dans le concert des nations ; PMA (Pays les Moins Avancés) ou PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), s’indigner contre l’enrichissement non justifié est un devoir. Le tournant des années 2000 a vu émerger des situations d’aisance qui insultent l’éthique et compromettent le principe républicain d’égalité. L’agressivité de certaines habitations dakaroises en est le témoin. Quel salaire doit permettre, dans la fonction publique d’un pays comme le nôtre, d’acquérir en moins de trois ans une maison évaluée à des centaines de millions, d'avoir une voiture de plusieurs millions de nos francs, de voyager et de vivre dans une opulence soutenue ? C’est encore plus choquant lorsque le riche en question n’a aucun mérite, ni même, parfois, la qualification pour prétendre à ces opportunités. Pendant ce temps, notre jeune et dynamique population sombre dans une précarité et une misère sans nom. Pourtant, nous n’avons même pas besoin de regarder loin pour trouver des exemples de sobriété aux hautes sphères de l’État.   Avez-vous jamais vu un membre de la famille ou un proche de Senghor, Abdou Diouf ou Mamadou Dia briller par l’insolence d’une fortune soudaine ? La gouvernance vertueuse dont parle Macky Sall est plus qu’un slogan donc prouvez vos vertus ou bienvenue à Rebeuss !
Ben Yahya SY, CCR France/Sénégal

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