jeudi 16 octobre 2014

MISE EN ŒUVRE DU PSE : L’APPRENTISSAGE, UNE VOIE POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI


Afin d’accélérer son processus de développement, notre pays met en œuvre le Plan Sénégal Émergent (PSE) pour la période 2014-2035 avec le plan d’actions prioritaires (2014-2018) et ses 27 projets phares. Le PSE ambitionne de réaliser un taux annuel de croissance de 7% au minimum pour éradiquer le chômage, contribuant ainsi à l’atteinte de l’objectif de création de 500.000 emplois du Président Macky Sall durant son mandat.

Compte tenu de l’urgence à répondre aux besoins d’emploi des Sénégalais, des jeunes en particulier, l’apprentissage semble être une voie pertinente pour créer ces 500. 000 emplois. Cette orientation a fait ses preuves dans des pays comme la France où 60% des apprentis trouvent un emploi en CDI à l’issue de leur formation. Il s’avère plus efficace que la formation classique. On entend par apprentissage, la possibilité de poursuivre des études, tout en apprenant un métier sur le terrain. Les apprentis suivent une formation théorique à l’école et bénéficient des savoir-faire de l’organisation qui les emploie.

Les actions entreprises par le gouvernement dans ce sens sont à encourager. S’il est symboliquement valorisant d’offrir aux apprentis ayant suivi une formation pratique un certificat, en guise de reconnaissance de leur savoir-faire, la vocation principale de la formation professionnelle reste l’insertion à l’emploi ou la création d’activités économiques. L’apprentissage est à rapprocher de l’amélioration du capital humain. Il s’agit de deux sources d'externalités positives et, par conséquent, de croissance pour la collectivité comme le démontrent les modèles de croissance endogène.

Dans une perspective à long terme (2019-2035), la capacité du Sénégal à être compétitif et à devenir émergent dépendra de l’investissement dans le capital humain et de l’efficacité dans l’utilisation des ressources selon la Banque Mondiale. Le système éducatif sénégalais a été identifié par les décideurs privés comme étant une des causes premières du retard de développement du pays. Il y a une inadéquation entre le contenu des formations et les besoins du monde du travail. Par ailleurs, le Sénégal manque plus de personnel technique qualifié que de personnel administratif. L’absence de corps intermédiaires (ouvriers spécialisés, techniciens, agents de maîtrise) est problématique car on dispose d’une main d’œuvre soit très hautement qualifiée soit très peu qualifiée.

Il convient également de noter qu’à long terme, l’alphabétisation universelle et les niveaux d’éducation de plus en plus sophistiqués sont nécessaires pour exploiter les progrès techniques et améliorer la productivité du travail. La faiblesse de cette productivité au Sénégal est liée au fait que la plupart des salariés sont des agents de l’administration sénégalaise dont la caractéristique est d'être pléthorique et inefficace. En outre la dégradation des services publics d’éducation contribue à réduire la productivité individuelle du travail, et partant la productivité globale de l’économie. L’efficience des dépenses publiques d’éducation est plutôt contrastée au Sénégal et nécessite des corrections.

La réforme de l’administration et la structuration de l’offre de formation s’imposent donc à l’économie sénégalaise caractérisée par la prépondérance du secteur informel. Ce secteur devrait dépérir progressivement avec la forte croissance prévue dans le PSE. En effet, au plan macroéconomique, il semble exister une relation inverse entre la proportion de l’emploi dans le secteur informel et le niveau du PNB par tête. Cette relation inverse révèle le caractère involutif de l’économie informelle; autrement dit, plus les effectifs augmentent dans l’informel, moindres seraient les recettes qui en sont tirées. Ainsi, ce ne serait pas en réduisant la réglementation ou en introduisant des normes de comptabilité et de gestion que l’on réduirait l’essor de l’informel. Celui-ci serait tout simplement lié à la faible croissance économique.

Dans une perspective à court et moyen termes (2014-2018), une politique éducative plus soutenue et orientée vers l’apprentissage s’avère urgente pour améliorer la productivité du travail et créer massivement des emplois surtout dans l’industrie, cible importante de l’investissement direct étranger (IDE) dans le PSE. Les IDE visent en priorité les industries à forte intensité de travail pour lesquelles les pays émergents ont un consistant avantage comparatif.

Pour rendre le dispositif de l’apprentissage opérationnel et efficace, il est nécessaire d’opérer une pédagogie pour changer sa perception auprès de l’opinion. Dans l’entendement général, l’apprentissage renvoie aux métiers manuels avec une image dégradante et aux filières de courte durée alors qu’on le retrouve dans tous les secteurs d’activités et avec la possibilité d’obtenir des diplômes de CAP au Bac + 5. A travers le PSE, le gouvernement, en collaboration avec le patronat, gagnerait à communiquer sur les débouchés et les avantages de l’apprentissage en mettant en exergue la diversité des formations et les parcours professionnels possibles pour inciter les jeunes à suivre cette voie.

Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en place quelques mécanismes opérationnels tels que les organismes de branches d’activités pour le secteur informel capables d’accompagner les acteurs de ce secteur dans la définition et l’analyse de besoins de formation professionnelle et de suivre les apprentis jeunes comme adultes afin que ces derniers puissent accéder à un emploi et disposer d’un véritable métier.C’est un moyen de tirer l’informel vers le formel. Ces organismes viendront ainsi appuyer le FONDEF (Fonds de Développement de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle) dans sa mission de financement de la formation, du développement de l’employabilité des ressources humaines et de l’insertion et de la réinsertion des jeunes. Ils aideront les petites unités informelles à se doter de moyens humains et techniques en matière de réglementation et de procédures administratives et organisationnelles (élaboration des contrats d’apprentis, suivi et rémunération etc.).

Le concours des entreprises est fondamental si on veut rendre l’apprentissage opérationnel. C’est dans cet esprit qu’il faut assouplir les charges sociales des entreprises en contrepartie d’un engagement de recrutement de jeunes apprentis.

Préconisations :
- La mutualisation des fonds issus de la CFCE (Contribution Forfaitaire à la Charge de l’Employeur) d’autant plus que cette dernière vient d’être récemment revue en hausse. A titre d’exemple, l’Etat a collecté 16 milliards de FCFA au titre de la CFCE ou de la CGU (Contribution Globale Unique) en 2011. La mutualisation des fonds prélevés au titre de la taxe professionnelle permettra aux petites et moyennes entreprises d’allonger leur budget de formation pour former leurs salariés notamment les employés et ouvriers car ce sont eux qui en ont plus besoin.

- Faire profiter aux entrepreneurs évoluant dans le secteur informel tels que les artisans de l’avantage de se former et former leurs collaborateurs en contrepartie d’un accueil d’apprentis indemnisés par l’Etat et/ou les collectivités locales.

- Mettre en place des mécanismes d’exonération des cotisations sociales pour les employeurs (crédit d’impôts, primes à l’apprentissage, contribution financière au titre de la formation) en fonction de la taille de l’entreprise.

- Renforcer les capacités financières des Centres de Formation d’Apprentis (CFA) et la formation continue des maîtres d’apprentissage, en accompagnant les CFA dans l’encadrement et le suivi des apprentis.

- Créer et favoriser un environnement dans lequel l’esprit d’entreprise chez les apprentis se développe en vue de produire des richesses nouvelles et des emplois substantiels et rémunérateurs, facteurs de réduction de la pauvreté monétaire.

- Assurer un meilleur accès au marché du crédit (FONGIP, BNDE, Crédit Agricole notamment) des jeunes apprentis créateurs de PME et PMI.

- Assurer un service de proximité, par le biais des organismes de branches, auprès des agriculteurs en finançant leur formation avec un budget issu de la taxe professionnelle.


Dr Omar NDIAYE & Amadou Bâ, CCR France

vendredi 12 septembre 2014

ÉDITO 2




Voilà un an, ce 12 septembre, qu’on lançait un blog de libre expression collective dénommé La Permanence Républicaine. Des inquiétudes diverses et un espoir jamais entamé avaient présidé à l’ouverture de cet espace. Le doute n’empêche pas l’optimisme, dit-on ; il en rationalise la perspective. Face aux nombreux défis qui interpellent nos générations et au sentiment d’une conscience collective en faillite, nous avions choisi d’agir. Le besoin de laisser des traces, la responsabilité de s’engager et le devoir de témoigner sur les faits qui ponctuent la vie nationale ainsi que d’autres sujets touchant à ses intérêts, motivent nos prises de position. En cela, force est de reconnaître que cette ligne qu’on espère partagée est, plus que jamais, opportune. Car, le Sénégal, et plus largement l’Afrique et le monde, traversent une crise systémique multiforme dont l’effet le plus universel est la démultiplication de la consommation, de l’égoïsme, de l’hypocrisie et du pessimisme.

Dans un contexte global où des constats puissants et pertinents dominent des mesures partielles et souvent peu audacieuses, il est urgent que resurgissent des idéologies humanistes de progrès. La politique des chiffres, de la productivité et de la rentabilité est, de plus en plus, perçue comme une chimère. Elle offre juste des arguments parfois fallacieux à certaines institutions et des plans de carrière à leurs serviteurs les plus ambitieux. Le plus surprenant, c’est lorsque les grands acteurs de la mondialisation (États, Firmes transnationales, Organisations régionales et internationales, ONG…) présentent leurs actions prioritaires. Il serait présomptueux, voire imprudent de remettre en question les orientations de ces structures qui disposent, sans doute, des meilleures ressources humaines, légales et matérielles mais il faudrait, peut-être, interroger l’impact de leurs plans d’actions sur les populations. Ces dernières semblent tellement peu impliquées et, par conséquent, peu concernées qu’elles créent des univers propres, fragilisant ainsi l’utopie universelle de l’union, du vivre-ensemble, du Même. Les expressions les plus parfaites de ces segmentations se retrouvent dans les interdépendances en ligne et, plus particulièrement, dans les réseaux sociaux. Ces mondes parallèles affirment un certain repli et imposent leurs réalités qui défient constamment les hégémonies.

Voulant réagir à des inconséquences analogues et à leurs retombées insoupçonnées sur notre nation et sur « son Peuple, son But, sa Foi », notre blog a hébergé des opinions individuelles très fortes. Elles ont porté sur les rapports de forces politiques au Sénégal, la crise des valeurs, la citoyenneté, la bonne gouvernance, le fait religieux, l’économie et sur des portraits d’illustres hommes d’État (Senghor, Dia, Mandela). Les 28 articles déjà publiés au moment de ce bilan ont été inégalement consultés ou partagés, ce qui nous donne une idée des sujets qui mobilisent l’attention de nos lecteurs. C’est le lieu de remercier vivement ces derniers pour l’intérêt accordé à nos sorties mais il est bon de rappeler que nous n’avons aucun intérêt à nous inscrire dans la logique du tout pour l’audience. Par ailleurs, au nom de ce principe, tous les textes proposés n’ont pas été publiés sur le blog.


Toutefois, même si la réalité nous a éloignés du format initial souhaité d’une page, nos orientations esthétique et éthique demeurent constantes. Une attention particulière est toujours portée sur l’expression et la manière dont sont abordées les thématiques soumises. Quant au fond, son acuité, sa sincérité et son objectivité sont privilégiées. 
Enfin, nous vous invitons encore à nous rejoindre par vos contributions pour faire vivre cet espace qui est résolument une tribune des opinions républicaines.

Latyr DIOUF, CCR France

lundi 11 août 2014

QUE JUSTICE SOIT ENFIN RENDUE!



Le procès de l’ancien ministre, Karim Wade poursuivi pour enrichissement illicite, ouvert le 31 juillet dernier, doit être analysé et compris comme une exigence démocratique et morale. L’enrichissement illicite et le pillage des deniers publics ont toujours miné le développement économique et social de notre pays. Pourtant, le Sénégal, par sa maturité démocratique et sa stabilité politique et sociale, a toujours su attirer des investissements étrangers. Malheureusement notre pays n’a pas pu en profiter pour se développer à cause des crimes économiques répétitifs souvent restés impunis.

Dans son rapport annuel 2014, l’Inspection Générale d’Etat (IGE) fait état de malversations flagrantes dont les cas illustratifs sont le FESMAN, la maison du Sénégal à New York, la construction du Monument de la Renaissance Africaine, l’ANOCI, etc. Plus généralement, l’IGE note que « la gouvernance économique et financière est marquée, dans beaucoup de secteurs, par des pratiques assez éloignées de l’efficacité et de l’efficience ». Les cas de mal gouvernance portent aussi sur la gestion foncière, la gestion des ressources énergétiques et minières et les conditions de réalisation de divers autres projets.

A titre d’exemple, la construction du Monument de la Renaissance Africaine a été faite en violation totale du code des marchés publics et du code des obligations de l’administration. Ce projet n’a pas fait l’objet d’appel à la concurrence, son financement ne figure pas dans les comptes de l’État du fait qu’il a été pris en charge par un particulier pour 20 milliards de FCFA en contrepartie de l’attribution, en pleine propriété, de terrains domaniaux d’une superficie de plus 56 ha.

L’IGE fait état de nombreuses irrégularités dans la gestion financière du FESMAN. Le rapport souligne l’absence de documents de planification et d’un rapport d’activités à la fin du festival, les violations de la loi d’exécution financière et comptable, les manquements graves relatifs au recrutement et à la rémunération du personnel, mais aussi sur le plan fiscal et des cas de surfacturations. « Prévue au départ pour coûter cinq milliards de francs CFA, au titre de la participation sénégalaise, la troisième édition du FESMAN, a finalement coûté au contribuable sénégalais plus de quatre-vingt milliards de francs CFA, sans compter les sommes encore dues à divers créanciers qui continuent de se présenter, pour réclamer le paiement de leurs prestations. Le montant total de ces prestations a été arrêté à 1 768 977 153 FCFA », selon l’IGE.

En définitive, le FESMAN n’était qu’un festival de gaspillage des ressources publiques au grand dam des Sénégalais. Les détournements des deniers publics qui ont particulièrement caractérisé le régime d’Abdoulaye Wade doivent être sévèrement punis au même titre que les crimes humains commis sous les dictatures sanguinaires ou les régimes autoritaires.

Les conséquences de tels crimes sont désastreuses sur le plan social et économique : augmentation du chômage, faillite des entreprises nationales due à la dette intérieure, famine dans le monde rural, crise dans les secteurs éducatif et sanitaire, émigration etc. Dans certains pays de l’Afrique, de telles crises ont conduit à la guerre civile. Aujourd’hui, de vastes pans de la population sénégalaise demeurent dans une situation de grande précarité ; ce qui oblige notre pays à recourir à des endettements lourds susceptibles de compromettre l’avenir des générations actuelles et futures si on ne met pas un terme à ces pratiques. C’est immoral de s’enrichir sur le dos des futures générations qui devront « payer des pots qu’ils n’ont pas cassés » dans un pays comme le Sénégal dont les ressources sont très limitées. Cela nous fait penser à la théorie de Michel Schneider sur l’indécence ordinaire qui peut consister à prendre, contrôler et garder tout au détriment du peuple. Ainsi, une catégorie de politiques prédateurs narcissiques, souvent aux compétences douteuses, prospère, alors que les couches sociales, de plus en plus vulnérables, prolifèrent.   

L’ampleur des dérives dans la gestion des deniers publics sous l’ancien régime doit interpeller tout citoyen sur le devoir de transparence et de reddition des comptes de la part de ceux qui exercent des responsabilités publiques. La traque des biens mal acquis est une exigence légale, légitime et morale malgré les propos des opposants et de certains Sénégalais totalement submergés par des affects de nature à prendre les coupables pour des victimes. Le paradoxe sénégalais est de vouloir la justice sans coupable. 

Dans son premier discours adressé à la nation en avril 2012, le président de la République avait marqué une volonté ferme de rompre avec les pratiques malsaines dans la gestion des affaires publiques. A l’époque, il disait ceci : « Au Gouvernement, je donne mission de traduire en actes la forte aspiration au changement massivement exprimée le 25 mars. Cette occasion historique constitue pour nous tous, un nouveau départ pour une nouvelle ère de ruptures en profondeur dans la manière de gérer l’État au plan institutionnel et économique ». Ce discours a été suivi par l’activation de la CREI (Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite) et la mise en place de l’OFNAC (Office National de la Lutte Contre la Corruption et de la Concussion) marquant ainsi une rupture de nature à instaurer une gouvernance vertueuse et sobre. Ce sont là des règles élémentaires pour espérer bâtir un développement devant permettre à chaque Sénégalais de vivre dignement. Dans un État de droit, on ne peut pas tolérer une classe de privilégiés, illicitement enrichis, nous diriger et se permettre de piller, en toute impunité, les maigres ressources de nos pays.

C’est un faux débat de parler de la compétence de la CREI en la contestant, comme le font ses détracteurs. Pour le cas de Karim Wade qui est jusque-là en détention provisoire, ce procès est une occasion de prouver son innocence. L’argument de l’inversion de la charge de la preuve en matière d’enrichissement illicite n’est pas fondé. Selon Mody Gadiaga, enseignant à la faculté de droit de l’UCAD, on part du principe que le train de vie de Karim Wade a créé « une situation d’apparence qui s’élève au-dessus de ses revenus légaux qu’on lui connaît. Il lui appartient, donc, de démontrer que la réalité n’est pas conforme à cette apparence » autrement dit, prouver l’origine licite de ses biens. On sait aussi que la fonction de ministre est incompatible avec toute autre activité génératrice de revenus. Certains accusés dans le dossier de la traque des biens illicites parlent de dons octroyés par l’ancien président ou ses amis. Là aussi, Mody Gadiaga nous édifie : « la loi sur l’enrichissement illicite stipule que la seule preuve d’une libéralité, c’est-à-dire du don ne suffit pas à justifier de l’origine licite des biens ».


Il ne faut pas apporter des réponses politiciennes à des questions purement juridiques. Des responsables du PDS, dans la panique font de la diversion et de la manipulation de l’opinion en nous parlant de tentative de liquidation d’un adversaire politique, potentiellement, redoutable pour le président Macky Sall en 2017. Le président Wade, lors son retour très médiatisé, nous parlait de la qualification de Karim Wade au second de tour de la présidentielle 2017. On est tenté de se demander sur quel projet de société, quels programmes politiques alternatifs pour quelqu’un qui n’a pas pu gagner dans son propre bureau de vote aux locales de 2009. L’attitude républicaine commande de laisser la justice faire son travail et élargir la traque des biens illicites à tous ceux qui ont commis des fautes dans la gestion des affaires publiques. La seule préoccupation des Sénégalais est de ramener l’argent logé dans les paradis fiscaux et faire de telle sorte que de pareils actes criminels ne se reproduisent plus. Il est temps de finir avec la petite politique politicienne à laquelle se livrent constamment certains acteurs politiques. La politique est, avant tout, l’éthique personnelle, l’altruisme et l’esprit de sacrifice au profit des générations à venir. La parution du livre du colonel Ndaw « Pour l’honneur de la gendarmerie sénégalaise » fait état de dérives inimaginables au plus haut sommet des Institutions de la République. Il convient, dès lors, de préserver enfin notre dignité de nation en sanctionnant les fossoyeurs de la République. 
Amadou BÂ, CCR France

jeudi 26 juin 2014

L’UNIVERSITÉ ET LA VIOLENCE CYCLIQUE


L'université sénégalaise semble avoir renoué avec la violence qui la caractérise depuis plusieurs années. Les derniers affrontements survenus dans l'enceinte du campus social de l'UCAD ne sont que les conséquences d’une longue et profonde crise. Jusque-là, les solutions proposées par l’État se sont avérées inefficaces s’ils ne provoquent pas des précédents qui fragilisent davantage le système universitaire. C’est pourquoi, il faut des réformes capables d’agir sur les causes profondes des effets néfastes qu’on veut juguler.
Les crises récurrentes traduisent l'échec de notre système éducatif, en général, et celui de l'enseignement supérieur, en particulier. Au-delà de l'image stigmatisant d’une université sénégalaise coutumière de scènes de guérilla urbaine qui ternissent ce qui doit être un espace d'instructions, d'échanges, de confrontations intellectuelles, idéologiques et même politiques, c’est la nature des protestations qui est problématique et surréaliste. À l'origine de cette violence, ce sont toujours des revendications d’ordre alimentaire alors que les conditions de travail restent catastrophiques: effectifs pléthoriques, amphithéâtres exigus, absence d’équipements pédagogiques, insuffisance d'encadrement, démarrage tardifs des cours, manque criard de ressources documentaires etc. Dans certains départements, les bâtiments sont en état de délabrement total constituant ainsi, un danger permanent pour les étudiants et le personnel. Face à cette situation alarmante, c'est l'indifférence totale. Les étudiants semblent peu s'en soucier, quant aux enseignants, nombreux cherchent à arrondir les fins du mois dans les écoles privées qui poussent comme des champignons pour pallier les carences de l'enseignement supérieur public.
L’une des causes principales du malaise de nos universités peut trouver sa source dans l’inadéquation entre les formations dispensées et les besoins de l’économie nationale. En effet, certains programmes offrent peu ou prou une qualification permettant aux étudiants de s’insérer dans le monde du travail. L’absence de débouchés professionnels ainsi que la prise en charge sociale qu’offre le campus, participent à maintenir certains étudiants, le plus longtemps possible, dans l’espace universitaire et les dispensent d’affronter la dure réalité de la vie après les études. À cela s’ajoute la politisation à outrance de l’université qui est source de promotion pour certains étudiants ayant « cartouché » plusieurs fois et dont la seule issue reste la politique. Paradoxalement, la plupart des bourses d’études à l’étranger sont octroyées à ces étudiants cartouchards. Cette clientèle politique agressive, ces maîtres chanteurs bruyants et casseurs de biens publics plus rompus au sabotage qu’à la quête de savoir deviennent des relais privilégiés des formations politiques ou du pouvoir. En contrepartie d’un apaisement artificiel de l’espace universitaire, ils sont souvent récompensés financièrement ou pistonnés.
 Malheureusement pour la société, ce sont les mêmes qui, parfois, après avoir échoué de nouveaux dans les universités occidentales, se recyclent en politiciens pour revenir diriger le pays. Ainsi, les mêmes causes produisent les mêmes effets catastrophiques. C’est là que réside toute la responsabilité de nos dirigeants de ces dernières années. Il est fréquent d’entendre d’éminents intellectuels sénégalais magnifier la vision du Président Senghor qui consistait à détecter les meilleurs étudiants et de leur octroyer des bourses étrangères. C’est tout le contraire des pratiques connues sous le régime d’Abdoulaye et qui ont tendance à persister.
Dans le même sillage, des mesures populistes et insoutenables telles que la généralisation des bourses ont été prises pour satisfaire des clientèles politiques. Même les pays infiniment plus riches que le nôtre n’envisagent pas cette pseudo-incitation irresponsable qui tue le goût de l’effort et la culture du mérite. Dans une ère de décrépitude morale galopante, l’éducation et la formation constituent les meilleurs moyens de réconcilier une société avec ses valeurs intrinsèques, condition de tout développement véritable. À défaut d’instaurer très rapidement dans l’espace universitaire l’apaisement nécessaire au vivre ensemble, le respect du bien commun et la cohabitation en dépit des opinions divergentes, l’État doit veiller au strict respect des lois et règlements de notre pays. La caricature libérale et son cortège de déséquilibres et d’iniquités imposent aux universités des pays du sud de s’adapter aux mutations sociales, économiques, politiques et technologiques. Cependant, les réformes nécessaires doivent prendre en compte nos besoins et réalités socio-économiques et culturels. Il faut surtout un courage politique pour opérer des réformes radicales capables d'agir sur les causes profondes.
C’est dans ce sens qu’il faut saluer et encourager le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour la fermeté avec laquelle il gère la crise actuelle et sa ténacité face aux pressions des étudiants et des politiques opportunistes qui profitent d’une situation aussi grave au détriment des intérêts des étudiants et de l’université de manière générale. L’université sénégalaise est appelée à renouer avec sa réputation, à redevenir un espace de valeurs démocratiques où toutes formes d’extrémisme et de manipulation politicienne seraient bannies, quelles que soient les positions à défendre. Car une conviction, abstraction faite de sa nature, ne doit pas être une raison pour ostraciser ceux qui ne la partagent pas. Ni l'étudiant, ni l’université ne doivent être le souffre-douleur d’un paysage politique en mal d’idées et de perspectives. Il est certes important que des partis politiques aient des adhérents ou des sympathisants parmi les étudiants. Cependant, les formations partisanes se doivent de veiller à l’encadrement de leurs porte-parole, en leur inculquant les règles élémentaires, du débat d’idées, même polémique suivant les impératifs d’un dialogue serein, délesté de l’adversité rancunière. C’est en agissant de la sorte que l’étudiant, outre la formation académique, sera doté d’une autre compétence, non moins importante, celle de soutenir ses convictions par l’argumentation. L’étudiant est peut-être l’élu ou le fonctionnaire de demain. Qu’on lui donne donc les moyens et les formations requises pour qu’il soit à la hauteur des attentes de sa société! Qu’on revisite les programmes et les curricula de manière à instaurer la culture de ce dialogue qu'appellent de tous leurs vœux, enseignants, étudiants et parents! Qu’on fasse des efforts en vue de réformer l’université, en l’adaptant au mieux à son environnement économique, en luttant contre le décrochage et en redonnant confiance aux étudiants! Il n y a pas pire que le désespoir et le défaitisme. De pareils sentiments ne sont pas sans porter préjudice à la qualité de la formation, à l’implication des étudiants dans leur propre apprentissage. Renforcer les structures de base, en termes de cités universitaires, de salles et de ressources humaines s’impose avec acuité vu les effectifs très élevés auxquels l’université sénégalaise est confrontée.
Le conseil présidentiel sur l'enseignement supérieur et la recherche du 6 mai 2013 avait dégagé des directives au nombre de 10 et un Programme de Réformes Prioritaires (PRP) 2013/2017 qui doivent être mis en œuvre sans tarder. De même la question des bourses, cette hérésie populiste, léguée par le précédent régime doit être réglée une bonne fois pour toute car le pays n'a pas les moyens d'en attribuer une à tous les étudiants. Aussi il faudra clairement dire que le master pour tous n’est envisageable dans aucune université au monde. Somme toute, la violence dans nos universités est un phénomène qui requiert une approche plurielle. Penser exclusivement à des mesures sécuritaires à l'instar des « franchises universitaires » ne règle pas le problème. La prise de conscience de ces recommandations simples, le dialogue, la patience et la culture de la tolérance pourraient suffire à redorer le blason de nos universités, d’en faire une esplanade au-dessus des considérations étriquées, génératrices de situations conflictuelles sans intérêt pour l’émergence du Sénégal.


Ben Yahya SY

CCR France/Sénégal

mercredi 4 juin 2014

L’ÉMERGENCE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE EN MARCHE




Le PSE est entré dans sa phase de mise en œuvre. Cependant, beaucoup de défis restent à relever pour que les projets connaissent les réussites escomptées. Une transformation progressive de la structure de l’économie sénégalaise permettrait de favoriser la création d’entreprises et l’amélioration de leur compétitivité, d’attirer plus d’investisseurs grâce à la multiplication des opportunités par un environnement accessible et une simplification des relations avec l’administration aussi bien pour les entreprises que pour les administrés. Ainsi, la création d’emplois et la promotion de l’auto-emploi soulageraient les attentes urgentes de notre dynamique jeunesse. L’accélération de la création d’entreprises dans tous les secteurs, avec un taux de survie important sur cinq ans par une hausse à la contribution du PIB du secteur secondaire et primaire et un dynamisme renforcé du secteur industriel, est une réponse structurelle pertinente. L’évolution de notre économie passe également par le renforcement de la bonne gouvernance des grandes entreprises publiques comme privées (ICS, SAR, SENELEC, SUNEOR, Sénégal Airlines, Transrail, Nouvelle société textile du Sénégal, COSEC, LONASE, Port Autonome de Dakar, Dakar Dem Dik, BHS, SICAP, IPRES, Caisse des dépôts et consignations, RTS, Chemin de fer Dakar-Niger, etc. ), l’augmentation et la stabilité de leurs capitaux et fonds propres sur le long terme. Cela permettrait aux PME/PMI de recevoir davantage de commandes et de percevoir le règlement de leurs factures dans les délais légaux (aujourd’hui, les délais de règlement sont supérieurs 100 jours).

Néanmoins, ces mesures peuvent montrer leur limite à moyen terme, ce qui nous amène à dire que la plus rapide transformation structurelle de notre économie passera en parallèle par la création de champions nationaux ou sous régionaux dans différents domaines (TIC, services numériques, Agricole, Construction, Énergie, Mines, Transports Terrestres & Aériens, montage et pièces détachées automobile, Consortium de l’artisanat, pêche industrielle, Pharmacie, Agro-industrie, Élevage, Chimie animale et végétale, etc.).

Ces futures locomotives demanderont beaucoup d’investissements pour faire face à la demande locale et sous régionale et pourront mieux résister à la mondialisation grâce à leur taille et leur capacité financière pour appliquer la stratégie des économies d’échelle et obtenir des coûts de production compétitifs. La structure et la composition de ce capital devront trouver différentes sources de financement, surtout auprès des investisseurs de capitaux risques grâce à la souscription par des immigrés et autres investisseurs intéressés à des obligations convertibles en actions avec les garanties conférées par le cadre légal et communautaire.



Le secteur du numérique constitue un grand contributeur au niveau du PIB de notre pays (environ 11%), soit l’un des taux les plus élevés en Afrique et dans le monde. Le paradoxe est que ce secteur est entré dans sa phase de maturité et de décélération à cause notamment des sous-investissements entrainant des retards sur le déploiement des technologies récentes. Le taux de couverture moyen au niveau national (selon le ratio couverture/qualité, Internet 3G ou 4G, montre une qualité qui se dégrade fortement à mesure qu’on s’éloigne de Dakar). Ce secteur offre, malgré tout, d’énormes potentialités aussi bien dans la croissance de notre PIB que dans la création d’emplois.

La réforme du secteur devrait permettre au plus grand nombre de créer des entreprises dans les domaines de la maintenance, de la formation et des services dérivés.

Le plus gros potentiel d’emplois réside dans l’offshoring avec la création de centre de services du numérique. Pour cela, il nous faudra créer des champions capables de rivaliser avec les pays du Maghreb grâce à des centres de services du numérique spécialisés par type de technologie pour obtenir un avantage compétitif et générer une valeur ajoutée pour les futurs clients. La stratégie consiste à inviter différents entrepreneurs nationaux qui désirent se positionner sur ce domaine avec des incitations fiscales afin de mettre en place un puissant centre de service du numérique à la manière des Chaebol de la Corée du Sud qui ont donné naissance à Samsung et d’autres puissances industrielles (Daewoo, LG group, Hyundai group, Kia motors, etc.). Ces conglomérats ont transformé la Corée du Sud en vingt ans faisant d’elle aujourd’hui le quinzième pays sur le critère PIB avec un taux de croissance moyen de 4% par an et un chômage inférieur à 4%. Il s’agit donc de constituer des conglomérats puissants dans divers secteurs, capables d’investir dans les services financiers, l'industrie, l’agro-business, la R&D, ou tout autre secteur porteur de croissance. Le secteur du numérique et la sous-traitance pourront ainsi s’accroitre aussi bien dans le domaine de la maintenance des applications des entreprises occidentales qu’africaines et dans le télé-conseil.



Pour que la transformation structurelle de l'économie adossée au volet numérique soit une réussite, il faudrait d'abord créer des sociétés de capital-risque spécialisées dans le secteur numérique grâce à la souscription à des obligations convertibles en actions (immigrés, citoyens et autres souscripteurs). En outre, il sera question de faciliter la cession et le transfert de ces actifs d’un agent économique vers un autre (exonération totale des droits de cessions pour limiter les coûts de transactions). Cela préfigurerait une future bourse nationale des valeurs mobilières. Ensuite, il serait intéressant de nouer des alliances avec des contrats de sous-traitance dans la maintenance informatique avec les sociétés de l’économie numérique occidentales et africaines encadrés par des contrats de performance. L’objectif est d’obtenir des engagements exclusifs grâce une qualité irréprochable, grâce à un Service Level Agreement ((niveau de qualité et de services) signés entre les différentes parties.

Par ailleurs, le Sénégal doit développer des partenariats avec les grands éditeurs de progiciels pour créer des centres de compétences spécialisés avec diverses technologies (exemple SAP, IBM, Oracle, Microsoft, etc.) et accélérer la modernisation de l’administration et la mise en place des e-services de l’État et les collectivités locales dans tous les domaines (état civil, fiscalité, justice, éducation, santé, protection sociale, etc.).

Permettre l’accès des services numériques aux PME/PMI sénégalaises grâce à des formules adaptées, des prix attractifs, modulables et mensualisés (dans le modèle du leasing) serait également une piste à explorer.

Enfin, mettre en place une université de classe mondiale et un centre de recherche du numérique pour favoriser le développement de l’innovation et l’attraction des meilleures compétences africaines.

Le Sénégal est arrivé à une maturité historique où la prise de conscience de ses forces et faiblesses devraient lui permettre de mieux s’organiser grâce à des moyens financiers, humains et techniques. Avec le plan initié sous la conduite du Président de la République M. Macky Sall, il semble orienté vers une émergence irréversible. Dans cette perspective, c’est avec la force de la conviction, le goût de l’effort sans relâche et la volonté politique que le Sénégal saura prouver au monde que le sous-développement n’est pas une fatalité.



Abou LY

Consultant

CCR France


dimanche 25 mai 2014

UN VENT DE STRUCTURATION SOUFFLE SUR L'APR FRANCE




«Il n’y a pas de vent favorable pour qui ne connaît pas son port.» Sénèque



Imperturbable, le président Macky Sall avait laissé entendre que la restructuration de l'APR n’était pas opportune avant les Locales du 29 juin 2014. Malgré toutes les pressions internes qui rejetaient sur lui la responsabilité du désordre supposé ou réel du parti, il préféra se consacrer aux priorités nationales de l’émergence. Sous l’angle politique, on peut imaginer que cette stratégie était une manière d'observer comment son parti, sans sa présence souhaitée, allait résister à l'épreuve du pouvoir qu'il avait brillamment conquis. Face aux appels du pouvoir, aux ambitions nouvelles et à la nécessité de conserver les acquis, les structures de l’APR se retrouvèrent relativement affaiblies. Leurs principaux responsables étaient désormais aux affaires et ne pouvaient plus poursuivre le travail d’animation des instances. Les autres membres, limités par le dispositif réglementaire du parti et l’exclusivisme de certains responsables évoluaient en vase clos en cherchant des solutions sur fond de querelles fratricides. Cette atmosphère de méfiance et de tensions annonce inexorablement des configurations nouvelles plus durables. Le président Macky Sall était, sûrement, bien avisé d’avoir laissé les structures du parti trouver elles-mêmes leur maturité naturelle. Une restructuration assistée ou parrainée aurait sans doute compliqué la situation en accentuant les frustrations.

En France, depuis le 1er mars, un vent de changement souffle sur les structures de l’APR, avec la nécessaire refonte du parti par une transformation des pratiques et une adaptation aux nouvelles réalités. Cette transition démocratique engagée par la Convergence des Cadres Républicains semble s’être propagée, puisque le Mouvement National des Femmes Républicaines lui a emboité le pas le 03 mai dernier. Au cours d’une rencontre pouvant constituer le point de départ d’une véritable représentativité et d’une reconnaissance structurelle légitime au niveau du parti, les Femmes de l’APR France ont impulsé une dynamique à saluer. L’aboutissement de cette structuration devrait créer plus d’efficience politique et, parallèlement, renforcer l’intégration des Femmes à des fonctions stratégiques. Cela atténuerait, peut-être, certaines limites réelles de la parité liées au confinement socio-culturel de la majorité des Sénégalaises dans des rôles encore secondaires. Cependant, malgré le mérite manifeste de vouloir structurer enfin le Mouvement National des Femmes Républicaines APR FRANCE, le processus de formation du bureau ne semble pas avoir fait l’unanimité. Les défis sont encore là et, en dépit de la grande ouverture des postes au sein de l’instance dirigeante, la polémique ne s’est pas totalement estompée.

En dehors de certaines critiques liées à l’information et à l’organisation de la rencontre du 3 mai, la désignation des femmes devant conduire le mouvement ne s’est pas reposé sur des critères de compétences, de représentativité et d’engagement. Cela ressemblait plus à des appels à candidature à la cantonade où les intéressées exprimaient leur choix sans, visiblement, se soucier des missions correspondantes. Dans un tel contexte, peut-on vraiment imaginer l'émergence d'une conscience politique féminine ? Ce cocktail explosif n’aura pas tardé à faire resurgir les démons de la politique sénégalaise, car au moment de prononcer la validation de ce large bureau de petit consensus, les représentants de la Délégation des Sénégalais de l’Extérieur (DSE) se mirent à s’apostropher vertement jusqu’à l’injure suprême de nos cultures. Ceux qui connaissent l’histoire des structures de l’APR de France n’ont pas semblé s’émouvoir outre mesure car, paraît-il, il était temps que la prise en otage du parti se termine. Depuis l’élection du président Macky Sall, on assiste à des tentatives de coup de force sans se soucier des règles élémentaires de la démocratie. L’opacité et l’absence de culture d’évaluation sont érigées en règle. Le meeting du 7 décembre 2013 qui reste le plus grand évènement politique du parti depuis l’arrivée l’APR au pouvoir, n’est, à ce jour, pas évalué. Le travail de conscientisation et de sensibilisation du Mouvement National des Femmes Républicaines APR FRANCE ne peut donc pas s’appuyer sur une théorisation et une conceptualisation de ses aspirations par la DSE. Dès lors, il appartient au mouvement des Femmes de rassembler ses forces pour tendre vers un collectif conscient et agissant.

Le MFRF a toute sa place au-devant de la scène politique et doit se donner les moyens de s’approprier les instruments mis à sa disposition, entre autre le Plan Sénégal Emergent (PSE), qui le concerne à tous ses niveaux d’exécution. Le Mouvement doit mettre l’accent sur ses différents axes, et plus particulièrement, ceux concernant la promotion de l’équité et l’égalité de genre. Il demeure évident que sans la maitrise de quelques enjeux élémentaires, les orientations stratégiques qui guideront les initiatives prises par les Femmes Républicaines se traduiraient par un certain nombre de difficultés en particulier celles relatives à leur prise en compte au sein des différentes structures et administrations. Des projets superficiels et des animations politiques essentiellement folkloriques ne sauront caractériser les Femmes et prendre le dessus sur un militantisme actif et responsable. D’ailleurs leur supériorité numérique ne fait-elle pas du Mouvement National des Femmes une force que nul ne peut négliger lors des scrutins et des prises de décisions? Un Mouvement National des Femmes Républicaines fort d’une représentativité qualitative et quantitative, pourrait avoir un effet d’entrainement dans la structuration du parti si et seulement si elle réussit à garantir une gestion participative intégrée, solidaire, ordonnée, efficiente et démocratique.

C’est donc à travers un changement d’approche, un renforcement des principes démocratiques et une nouvelle dynamique d’ouverture et de massification que le Mouvement National des Femmes Républicaines de France jouerait pleinement son rôle. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une écoute attentive et respectueuse des sympathisantes et militantes. La réussite des structurations amorcées passera, d'une part, par la validation et la légitimation des processus de désignation et le respect des choix de la majorité et, d'autre part, par une gestion irréprochable des structures et des administrations de l'APR d'ici et d' ailleurs.

Mariama DIALLO
CCR/France

lundi 19 mai 2014

RÉPUBLICAIN, PAS MOURIDOPHOBE !



 
Sous le feu du déchaînement médiatique concernant « la liste du Khalif », du déferlement des avis et de la controverse sur le statut spécial de la ville de Touba voulu par certains Mourides, j'en suis arrivé, finalement, à cette question: Peut-on être mouridophobe? Une interrogation qui n'aurait de sens que si mes semblables et moi, analystes sans envergure, percevions la Mouridiya comme une menace, une gêne, un concurrent… Je ne pourrai parler que pour moi.


J'aime sincèrement les figures qui se distinguent par leur culte exclusif au Créateur. Sheikh Ahmadou Bamba, mieux que quiconque dans nos contrées, a été cette figure-là. Je m'émeus considérablement devant la rigueur, la capacité d'organisation et la rectitude dont peut faire montre la communauté Mouride. Ma dernière visite au Sénégal m'a permis de voir une imposante et magnifique mosquée à l'entrée de Mbour, fruit d'une sollicitation exprès de Serigne Sheikh, fils du regretté Serigne Saliou. Les Khassaid m'emportent littéralement. Et puis, comme bon nombre de Sénégalais, je compte une pléthore de disciples mourides dans mes amitiés. Une aversion envers eux trouverait-elle à s'expliquer ? 

Quand on retrouve dans les avis des uns et des autres de quoi penser de soi qu'on serait « jaloux » et faisant preuve tantôt d'un certain zèle lié à notre « intellectualisme » ou, tantôt, d'une « ignorance notoire », cela fait pourtant réfléchir. 

S'il faut parler carrément du cas présent, il faut situer le point de divergence. Sur fond de campagne pour les locales, les listes des élus des collectivités se déclinent. L'on apprend alors que la « liste du Khalif » pour la ville de Touba, entre autres mépris de la loi républicaine, ne respecte pas les dispositions de la Constitution à propos de la parité. Pour rappel, Abdoulaye WADE, l'ancien chef de l’État, avait fait voter en 2010 à l'assemblée nationale une loi instaurant la parité au Sénégal pour toutes les fonctions électives. Traduit dans le langage des urnes, cette loi imposer que sur les listes électorales la proposition du nom d'un élu soit immédiatement suivie de celui d'une élue pour pallier la « sous-représentation » des femmes, le législateur dixit.


La « liste du Khalif » interpelle donc. Si pour une certaine frange de la communauté cela est juste et s'explique par le statut spécial, de facto, de la ville de Touba, pour d'autres cette effraction ne saurait être avalisée par l'autorité. Je me tiens aux côtés de ceux qui défendent cet avis. Pour une raison simple. Si la République est le garant du bien-être commun et de l'égalité des chances pourquoi donc devrions-nous exclure des personnes éligibles à qui la loi offre expressément l'opportunité de représenter leurs semblables ? A ce jour, l'ultime argument mis en avant réside en cette parade: les « intellectuels » cherchent à nier le statut de Touba. Ayant répondu pour ma part, avançons. L'on note aussi dans la diatribe adressée aux « intellectuels » la rengaine les réduisant à une caste de « peaux noires, masques blancs », imbus de leur savoir acquis à l'école du blanc, qui se croiraient mieux éclairés que les autres et dont la « malhonnêteté intellectuelle » les pousse à l'ergotage et au déni des coutumes ancestraux. « Coutumes ancestraux » dites-vous ?! Passons. Il est étonnant quand même que ces critiques viennent de l'intelligentsia mouride, celle ayant aussi fréquenté l'école occidentale...


Je le redis, l'affaire n'est pas de s'insurger contre une communauté particulière mais il réside en le respect du droit commun. L'opportunité et la pertinence de la loi sur la parité ne sont pas, non plus, à discuter. Les mêmes qui évoquent son impertinence par rapport à notre sociologie était là, hier, quand WADE la faisait adopter par une Assemblée acquise à ses délires électoralistes. L’écho des hâbleurs et souteneurs tressant des lauriers au Wade visionnaire et révolutionnaire en matière d'avancée démocratique et de valorisation du rôle et de l'image de la femme nous parviennent encore. De même que les couinements de l'opposition hagarde. 

Je l'ai suggéré supra, le débat est large sur les nécessaires réformes de la Constitution pour la prise en compte de nos spécificités locales. Je suis d'avis qu'il faille revoir notre constitution, et non des territoires particuliers, pour la consolidation de notre Nation. Mais la période des élections est-elle la mieux indiquée pour poser ce débat qui se doit d'être inclusif ? En plus, connaissant l'extrême frilosité de nos dirigeants, il n'est pas à exclure que, selon les besoins du moment, ils doivent concéder une partie des privilèges exclusifs de l’État à d'autres territoires, que dis-je, d'autres familles. Car il faut bien comprendre que nos élus démontrent une obséquiosité désarmante, mettant constamment la République à genoux, au gré de leurs obédiences et de leurs affinités. Ce clientélisme nous répugne. 

L'on me brandira également l'argument de l'incurie religieuse. Et oui, qui suis-je pour placer mon mot concernant les bienfaits du Seigneur à l'homme saint de Touba ? Personne. Je ne suis personne. Si ce n'est celui qui a aussi appris sa religion et qui sait qu'en la matière, l'autorité ne s’hérite pas. Que jamais dans l'histoire de la religion les lois n'ont été définies par autre qu'Allah. Que jamais, jusqu'au démantèlement de l'empire Ottoman, il n'a été question de chercher un consensus entre la Charia et la République. Qu'aucun des Sahabatoul kiram (les compagnons du Prophète, psl) ou des Taabi'oun (les premières générations de croyants après la disparition des compagnons) n'a réclamé une terre pour la régenter en dehors de l'autorité du commandant des croyants. Là subsiste donc la flagrante contradiction. S'il faut une terre où la Charia ferait loi comment se fait-il que les porteurs d'un tel dessein en fassent le recours auprès de l'autorité républicaine pour l'obtenir ? Qui connaît la charte des Nations-Unies sur laquelle s'adossent les Constitutions des États membres sait qu'elle s'inscrit en faux contre les règles élémentaires imposant aux hommes de confier leur destin à Allah le Souverain. Dans l'air fument les terribles senteurs d'une méconnaissance des agendas réels des entités… ou d'agendas personnels habilement camouflés par le voile de la religion. 

Il me faut pourtant avouer ceci. Si demain le Sénégal devait adopter la loi islamique comme texte constitutionnel, je serai le premier à m'en réjouir, à applaudir et à soutenir ce projet. Mais du moment qu'une telle éventualité n'est pas en vue, il serait bon de se tenir à ce qui fait notre ciment en tant que peuple. Je crois fermement que ce qui fait notre union aujourd'hui n'est pas l'exaltation de la spécificité mais bien la concorde, le dialogue. 


Ceci n'est donc pas le débat entre deux bords idéologiques comme certains aiment à le répéter. En tant que Peuple et Nation on est un et indivisible. Nul ne peut et ne doit exclure un Sénégalais dans la gestion des affaires de la cité du fait de sa naissance ou de ses affiliations. Parce qu'en somme, c'est de cela qu'il retourne : il faut faire allégeance, s'aplatir et se taire. Sinon le joug communautaire est là, prêt à s'affaisser sur les imprudents. Fort heureusement, la religion nous fournit des repères. Dieu ne commanda-t-il pas à son Prophète de consulter ses semblables quand il s'agit de gérer les affaires de la cité ? Donc acceptons le débat, serein et opportun. L'ostracisme n'a jamais grandi un peuple.
Abdoulaye FAYE

dimanche 4 mai 2014

LETTRE OUVERTE À MAÎTRE ALIOUNE BADARA CISSÉ





À maître Alioune Badara Cissé


Paris, le 04 mai 2014

 


Excellence, cher maître, illustre camarade,


C’est avec un mélange indéfinissable d’embarras et d’agacement que je réagis à votre interview sur La Chaîne Sénégalaise - LCS. Si j’éprouve de tels sentiments c’est parce que votre sortie préméditée a secoué la ligne que je m’efforce modestement de donner à mes convictions politiques. Vous êtes, à mes yeux un homme politique respectable et vous revendiquez la co-genèse de notre parti. Selon vos propres termes, vous y étiez déjà à « zéro plus deux ». Je vous avais défendu péremptoirement dans un duel médiatique aussi insidieux et aussi insipide que vos propos lors cette fameuse émission « Amoul Nëbbo ». Puis, j’étais refroidi par l’image frivole du crapaud et de la blanche colombe. Votre entretien fleuve, très mal à propos, autorise, désormais, un doute légitime sur votre appartenance sincère à l’APR. Sinon, pourquoi avoir choisi cette semaine de fortes agitations politiciennes pour porter de froides estocades à une cause que vous dites vôtre ?

 


Pourtant, vous écouter, maître Alioune Badara Cissé est plutôt agréable. Votre débit de parole, votre timbre de voix, vos phrases soigneusement ciselées et soutenues par une incontestable culture font de vous un des orateurs les plus charismatiques de la scène politique sénégalaise. Mais, dans votre entretien avec LCS, le fond a été plus que douteux. Or, même s’il n’est pas donné à tout le monde de s’exprimer avec autant d’aisance, l’écoute est souvent plus fine qu’on ne le croit. Donc, la prudence et le respect de ses concitoyens sont primordiaux quand on s’adresse à eux. Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur, aviez-vous argué en citant Beaumarchais. Vous ravissant cette célèbre réplique, j’entends dire ici, avec la même intransigeance, ma compréhension de vos mots. C’est d’autant plus facile que l’intentionnalité de cet épisode d’Amoul Nëbbo est très forte. La préparation de l’émission avait déjà opéré des regroupements et défini des orientations. Je garderai juste la liberté de ne pas forcément en suivre l’ordre.

 


Tout commence par un montage sur votre parcours. Ces ego trip très fréquents dans le monde politique et artistique sont toujours aussi efficaces. Ils restaurent des mérites et des légitimités. Votre auguste personnalité pouvait s’en passer aisément. Personne ne doute de vos qualités. Le plus frappant, tout au long de l’émission, c’est que les chutes, quelque soit la réponse, portaient toujours sur vos rapports avec le président Macky Sall. Il ne sera point question d’interpréter la distance malheureuse entre vous deux. Ma relecture sera basée sur vos injonctions tout azimuts : « Monsieur le président de la République, je vous ai connu calme et serein, capable d’écouter ; ne vous emballez pas pour si peu. Le président Wade ne fait peur à personne, vous-même, cessez de nous faire peur ; tu as tout, tu n’as plus rien à prouver ; prenez vos responsabilités, faites taire tous ces pyromanes et ces thuriféraires qui vous poussent à l’excès». Est-ce vraiment une manière de s’adresser à un chef d’État, les yeux dans les yeux, à la télévision ? Avec ce tutoiement qui n’a échappé à personne, vous avez présenté le président comme un capricieux qui manque d’assurance : « Démako né yéwoul, mou mër !». Certes, comme vous, maître, on s’est proposé, dès l’éditorial de notre blog La Permanence Républicaine, d’encourager les efforts de notre exécutif et de critiquer les écarts de nos gouvernants. Comme vous, maître, nous ne sommes pas des militants godillots. Nos ambitions sont, cependant, limitées par la responsabilité qui encadre cette liberté. L’irrévérence nous rendrait inaudible.

 


Qui trop embrasse mal étreint, aviez-vous dit en soulignant l’incompatibilité entre la fonction de président de la République et celle de président de parti. Cette posture serait pour quelque chose dans votre départ du gouvernement et votre disgrâce au sein du parti. N’aurait-il pas été plus judicieux de s’atteler corps et âme à la structuration du parti qui en a tant besoin, au lieu de réclamer directement sa décapitation ? Il est difficile de croire que Macky Sall soit devenu un horrible dictateur qui sévirait à la moindre contrariété. Notre monde politique est rempli de gens médiocres, bruyants et méchants mais cela ne doit pas nous faire oublier l’essentiel. Notre peuple est juste et n’aime pas les excès. Les deux ans au pouvoir du président Macky Sall ne méritent pas la lecture que vous en faites. Ils méritent plus de solidarité de votre part. Vous étiez le tout puissant ministre des Affaires Étrangères du Sénégal. Est-ce judicieux d’afficher publiquement autant de pessimisme à propos du Plan Sénégal Émergent devant l’espoir qu’il suscite ? Vous relevez des gaspillages, des atermoiements, des conflits de compétences autour du PSE et une cacophonie autour du taux de croissance tout en avouant ne pas le connaître et être resté sur la Stratégie de Croissance accélérée et le Yoonu Yokkuté. Et, quand le président exige une accélération de la cadence, vous êtes catégorique : « ça ne s’annonce pas, ça se décide, ça s’assume ; pas avec des mots ! » Sur un ton plus intime, vous affirmez que Macky Sall ne croit pas et n’a jamais cru aux taux de croissance avant de dire, avec un niveau de langue qui trahit votre irritation : « Un taux de croissance, ça se bouffe pas ! ». Ne devriez-vous pas laisser ce terrain à l’opposition ?

 


Sur la situation politique nationale, votre ton est également sans appel. Les libertés publiques seraient en souffrance dans notre pays : d’anciens ministres seraient humiliés, on emprisonnerait à tout va. En somme, tout ce que fait le gouvernement, pour faire régner l’ordre et faire triompher l’équité (traque des biens mal acquis), est perçu, dans votre discours, comme un recul démocratique. Pour mieux déprécier la CREI (Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite), vous rejetez, par principe, les "tribunaux d’exception" tout en fustigeant une « légèreté du dossier et des interventions intempestives de l’Exécutif dans la marche de la Justice » en prédisant une issue qu’on devine ridicule dans l’affaire Karim Wade. Même le « Soutoura », ce pilier central de nos systèmes de valeur, serait menacé. Pour illustrer cette inquiétude, vous convoquez, tel un cheveu dans la soupe, l’affaire Hissène Habré pour laquelle le sens des responsabilités du pouvoir actuel mérite d’être salué. Dans le même registre, les précautions prises à l’occasion du retour médiatisé de Wade sont qualifiées de « bêtise de l’année ». Là encore, droit dans les yeux, vous sommez le président de se rappeler qu’il doit tout à Wade, que celui-ci est vieux, qu’il a tout donné, qu’il demande respect et reconnaissance, qu’il souffre de l’absence de son fils emprisonné. Ce plaidoyer est-il celui du brillant avocat que vous êtes ou celui de l’homme politique qui déroule ses ambitions ?

 


Vous dites vous accommoder de votre statut de militant ordinaire, « grade le plus élevé dans votre hiérarchie des normes ». Vous dites œuvrer pour l’APR au niveau national et international. Vous déplorez l’absence des responsables du parti sur le terrain. Vous alertez même sur la situation délétère de l’APR dans la ville du président et des conséquences catastrophiques qu’une perte des Locales pourraient engendrer. Même si je ne doute pas un instant que vous soyez « à l’aise dans vos babouches », comme vous l’avez si bien dit dans l’émission, votre altruisme face à tant de griefs réciproques est impressionnant. Seulement, sous l’angle de la Realpolitik, je constate l’existence d’un mouvement des ABCdaires. J’avais pensé qu’il s’agissait d’une stratégie de riposte interne et ponctuelle mais, à titre d’exemple, 10% au moins des membres de la Convergences des Cadres Républicains de France se réclament de ce mouvement. Bien entendu, ils n’assument pas tous au même degré cette appartenance. Maître, vous qui avez réussi à réconcilier, même fugacement, Matar Bâ et Adama Ndour à Fatick pour unir les forces de l’APR, allez-vous laisser vos adeptes fragiliser votre parti ailleurs ? À moins que vous ne soyez déjà sur un autre chemin, comment devons-nous comprendre vos appels en faveur de retrouvailles de la grande famille libérale ?

 


Enfin, maître, vous « respirez Saint-Louis », vous « mangez Saint-Louis », vous « dormez Saint-Louis » dites-vous. C’est tout à votre honneur et je vous souhaite bonne chance. Par ailleurs, pour finir sur un ton plus grave, je souhaitais sincèrement et librement un retour de la confiance entre vous et le président Macky Sall. Je ne désespère pas totalement de voir ce vœu se réaliser mais vos trajectoires depuis notre victoire ne vont pas dans ce sens. Il aurait fallu mesurer et s’habituer, me semble-t-il, aussi vite que lui au statut de président de la République qui était devenu le sien. Or, on a pu observer que même l’affection, la bienveillance et la loyauté que vous lui témoigniez étaient souvent trop familières, voire infantilisantes. Aucun président digne de ce nom n’accepterait longtemps de tout devoir aux autres. Une humilité totale face au mérite et au destin de Macky Sall serait, peut être, une condition de l’apaisement. Pour cela, cher maître, je vous prie d’arrêter de distiller vos paraboles qui compliquent davantage la situation.


Avec mes salutations républicaines et toute ma considération.

Latyr DIOUF, CCR France