mercredi 4 juin 2014

L’ÉMERGENCE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE EN MARCHE




Le PSE est entré dans sa phase de mise en œuvre. Cependant, beaucoup de défis restent à relever pour que les projets connaissent les réussites escomptées. Une transformation progressive de la structure de l’économie sénégalaise permettrait de favoriser la création d’entreprises et l’amélioration de leur compétitivité, d’attirer plus d’investisseurs grâce à la multiplication des opportunités par un environnement accessible et une simplification des relations avec l’administration aussi bien pour les entreprises que pour les administrés. Ainsi, la création d’emplois et la promotion de l’auto-emploi soulageraient les attentes urgentes de notre dynamique jeunesse. L’accélération de la création d’entreprises dans tous les secteurs, avec un taux de survie important sur cinq ans par une hausse à la contribution du PIB du secteur secondaire et primaire et un dynamisme renforcé du secteur industriel, est une réponse structurelle pertinente. L’évolution de notre économie passe également par le renforcement de la bonne gouvernance des grandes entreprises publiques comme privées (ICS, SAR, SENELEC, SUNEOR, Sénégal Airlines, Transrail, Nouvelle société textile du Sénégal, COSEC, LONASE, Port Autonome de Dakar, Dakar Dem Dik, BHS, SICAP, IPRES, Caisse des dépôts et consignations, RTS, Chemin de fer Dakar-Niger, etc. ), l’augmentation et la stabilité de leurs capitaux et fonds propres sur le long terme. Cela permettrait aux PME/PMI de recevoir davantage de commandes et de percevoir le règlement de leurs factures dans les délais légaux (aujourd’hui, les délais de règlement sont supérieurs 100 jours).

Néanmoins, ces mesures peuvent montrer leur limite à moyen terme, ce qui nous amène à dire que la plus rapide transformation structurelle de notre économie passera en parallèle par la création de champions nationaux ou sous régionaux dans différents domaines (TIC, services numériques, Agricole, Construction, Énergie, Mines, Transports Terrestres & Aériens, montage et pièces détachées automobile, Consortium de l’artisanat, pêche industrielle, Pharmacie, Agro-industrie, Élevage, Chimie animale et végétale, etc.).

Ces futures locomotives demanderont beaucoup d’investissements pour faire face à la demande locale et sous régionale et pourront mieux résister à la mondialisation grâce à leur taille et leur capacité financière pour appliquer la stratégie des économies d’échelle et obtenir des coûts de production compétitifs. La structure et la composition de ce capital devront trouver différentes sources de financement, surtout auprès des investisseurs de capitaux risques grâce à la souscription par des immigrés et autres investisseurs intéressés à des obligations convertibles en actions avec les garanties conférées par le cadre légal et communautaire.



Le secteur du numérique constitue un grand contributeur au niveau du PIB de notre pays (environ 11%), soit l’un des taux les plus élevés en Afrique et dans le monde. Le paradoxe est que ce secteur est entré dans sa phase de maturité et de décélération à cause notamment des sous-investissements entrainant des retards sur le déploiement des technologies récentes. Le taux de couverture moyen au niveau national (selon le ratio couverture/qualité, Internet 3G ou 4G, montre une qualité qui se dégrade fortement à mesure qu’on s’éloigne de Dakar). Ce secteur offre, malgré tout, d’énormes potentialités aussi bien dans la croissance de notre PIB que dans la création d’emplois.

La réforme du secteur devrait permettre au plus grand nombre de créer des entreprises dans les domaines de la maintenance, de la formation et des services dérivés.

Le plus gros potentiel d’emplois réside dans l’offshoring avec la création de centre de services du numérique. Pour cela, il nous faudra créer des champions capables de rivaliser avec les pays du Maghreb grâce à des centres de services du numérique spécialisés par type de technologie pour obtenir un avantage compétitif et générer une valeur ajoutée pour les futurs clients. La stratégie consiste à inviter différents entrepreneurs nationaux qui désirent se positionner sur ce domaine avec des incitations fiscales afin de mettre en place un puissant centre de service du numérique à la manière des Chaebol de la Corée du Sud qui ont donné naissance à Samsung et d’autres puissances industrielles (Daewoo, LG group, Hyundai group, Kia motors, etc.). Ces conglomérats ont transformé la Corée du Sud en vingt ans faisant d’elle aujourd’hui le quinzième pays sur le critère PIB avec un taux de croissance moyen de 4% par an et un chômage inférieur à 4%. Il s’agit donc de constituer des conglomérats puissants dans divers secteurs, capables d’investir dans les services financiers, l'industrie, l’agro-business, la R&D, ou tout autre secteur porteur de croissance. Le secteur du numérique et la sous-traitance pourront ainsi s’accroitre aussi bien dans le domaine de la maintenance des applications des entreprises occidentales qu’africaines et dans le télé-conseil.



Pour que la transformation structurelle de l'économie adossée au volet numérique soit une réussite, il faudrait d'abord créer des sociétés de capital-risque spécialisées dans le secteur numérique grâce à la souscription à des obligations convertibles en actions (immigrés, citoyens et autres souscripteurs). En outre, il sera question de faciliter la cession et le transfert de ces actifs d’un agent économique vers un autre (exonération totale des droits de cessions pour limiter les coûts de transactions). Cela préfigurerait une future bourse nationale des valeurs mobilières. Ensuite, il serait intéressant de nouer des alliances avec des contrats de sous-traitance dans la maintenance informatique avec les sociétés de l’économie numérique occidentales et africaines encadrés par des contrats de performance. L’objectif est d’obtenir des engagements exclusifs grâce une qualité irréprochable, grâce à un Service Level Agreement ((niveau de qualité et de services) signés entre les différentes parties.

Par ailleurs, le Sénégal doit développer des partenariats avec les grands éditeurs de progiciels pour créer des centres de compétences spécialisés avec diverses technologies (exemple SAP, IBM, Oracle, Microsoft, etc.) et accélérer la modernisation de l’administration et la mise en place des e-services de l’État et les collectivités locales dans tous les domaines (état civil, fiscalité, justice, éducation, santé, protection sociale, etc.).

Permettre l’accès des services numériques aux PME/PMI sénégalaises grâce à des formules adaptées, des prix attractifs, modulables et mensualisés (dans le modèle du leasing) serait également une piste à explorer.

Enfin, mettre en place une université de classe mondiale et un centre de recherche du numérique pour favoriser le développement de l’innovation et l’attraction des meilleures compétences africaines.

Le Sénégal est arrivé à une maturité historique où la prise de conscience de ses forces et faiblesses devraient lui permettre de mieux s’organiser grâce à des moyens financiers, humains et techniques. Avec le plan initié sous la conduite du Président de la République M. Macky Sall, il semble orienté vers une émergence irréversible. Dans cette perspective, c’est avec la force de la conviction, le goût de l’effort sans relâche et la volonté politique que le Sénégal saura prouver au monde que le sous-développement n’est pas une fatalité.



Abou LY

Consultant

CCR France


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