Le PSE est entré dans sa phase de mise en œuvre.
Cependant, beaucoup de défis restent à relever pour que les projets connaissent
les réussites escomptées. Une transformation progressive de la structure de
l’économie sénégalaise permettrait de favoriser la création d’entreprises et l’amélioration
de leur compétitivité, d’attirer plus d’investisseurs grâce à la multiplication
des opportunités par un environnement accessible et une simplification des
relations avec l’administration aussi bien pour les entreprises que pour les
administrés. Ainsi, la création d’emplois et la promotion de l’auto-emploi soulageraient
les attentes urgentes de notre dynamique jeunesse. L’accélération
de la création d’entreprises dans tous les secteurs, avec un taux de survie
important sur cinq ans par une hausse à la contribution du PIB du secteur
secondaire et primaire et un dynamisme renforcé du secteur industriel, est une
réponse structurelle pertinente. L’évolution de notre économie passe également
par le renforcement de la bonne gouvernance des grandes entreprises publiques
comme privées (ICS, SAR, SENELEC, SUNEOR, Sénégal Airlines, Transrail, Nouvelle
société textile du Sénégal, COSEC, LONASE, Port Autonome de Dakar, Dakar Dem
Dik, BHS, SICAP, IPRES, Caisse des dépôts et consignations, RTS, Chemin de fer
Dakar-Niger, etc. ), l’augmentation et la stabilité de leurs capitaux et fonds
propres sur le long terme. Cela permettrait aux PME/PMI de recevoir davantage
de commandes et de percevoir le règlement de leurs factures dans les délais
légaux (aujourd’hui, les délais de règlement sont supérieurs 100 jours).
Néanmoins, ces mesures peuvent montrer leur limite à
moyen terme, ce qui nous amène à dire que la plus rapide transformation
structurelle de notre économie passera en parallèle par la création de
champions nationaux ou sous régionaux dans différents domaines (TIC, services
numériques, Agricole, Construction, Énergie, Mines, Transports Terrestres &
Aériens, montage et pièces détachées automobile, Consortium de l’artisanat,
pêche industrielle, Pharmacie, Agro-industrie, Élevage, Chimie animale et
végétale, etc.).
Ces futures locomotives demanderont beaucoup
d’investissements pour faire face à la demande locale et sous régionale et
pourront mieux résister à la mondialisation grâce à leur taille et leur
capacité financière pour appliquer la stratégie des économies d’échelle et
obtenir des coûts de production compétitifs. La structure et la composition de
ce capital devront trouver différentes sources de financement, surtout auprès
des investisseurs de capitaux risques grâce à la souscription par des immigrés
et autres investisseurs intéressés à des obligations convertibles en actions
avec les garanties conférées par le cadre légal et communautaire.
Le secteur du numérique constitue un grand
contributeur au niveau du PIB de notre pays (environ 11%), soit l’un des taux
les plus élevés en Afrique et dans le monde. Le paradoxe est que ce secteur est
entré dans sa phase de maturité et de décélération à cause notamment des
sous-investissements entrainant des retards sur le déploiement des technologies
récentes. Le taux de couverture moyen au niveau national (selon le ratio
couverture/qualité, Internet 3G ou 4G, montre une qualité qui se dégrade
fortement à mesure qu’on s’éloigne de Dakar). Ce secteur offre, malgré tout,
d’énormes potentialités aussi bien dans la croissance de notre PIB que dans la
création d’emplois.
La réforme du secteur devrait permettre au plus grand
nombre de créer des entreprises dans les domaines de la maintenance, de la
formation et des services dérivés.
Le plus gros potentiel d’emplois réside dans
l’offshoring avec la création de centre de services du numérique. Pour cela, il
nous faudra créer des champions capables de rivaliser avec les pays du Maghreb
grâce à des centres de services du numérique spécialisés par type de
technologie pour obtenir un avantage compétitif et générer une valeur ajoutée
pour les futurs clients. La stratégie consiste à inviter différents
entrepreneurs nationaux qui désirent se positionner sur ce domaine avec des
incitations fiscales afin de mettre en place un puissant centre de service du
numérique à la manière des Chaebol de la Corée du Sud qui ont donné naissance à
Samsung et d’autres puissances industrielles (Daewoo, LG group, Hyundai group,
Kia motors, etc.). Ces conglomérats ont transformé la Corée du Sud en vingt ans
faisant d’elle aujourd’hui le quinzième pays sur le critère PIB avec un taux de
croissance moyen de 4% par an et un chômage inférieur à 4%. Il s’agit donc de constituer
des conglomérats puissants dans divers secteurs, capables d’investir dans les
services financiers, l'industrie, l’agro-business, la R&D, ou tout autre
secteur porteur de croissance. Le secteur du numérique et la sous-traitance
pourront ainsi s’accroitre aussi bien dans le domaine de la maintenance des
applications des entreprises occidentales qu’africaines et dans le
télé-conseil.
Pour que la transformation structurelle de l'économie adossée au volet
numérique soit une réussite, il faudrait d'abord créer des sociétés de
capital-risque spécialisées dans le secteur numérique grâce à la souscription à
des obligations convertibles en actions (immigrés, citoyens et autres
souscripteurs). En outre, il sera question de faciliter la cession et le
transfert de ces actifs d’un agent économique vers un autre (exonération totale
des droits de cessions pour limiter les coûts de transactions). Cela préfigurerait
une future bourse nationale des valeurs mobilières. Ensuite, il serait
intéressant de nouer des alliances avec des contrats de sous-traitance dans la
maintenance informatique avec les sociétés de l’économie numérique occidentales
et africaines encadrés par des contrats de performance. L’objectif est
d’obtenir des engagements exclusifs grâce une qualité irréprochable, grâce à un
Service Level Agreement ((niveau de qualité et de services) signés entre les
différentes parties.
Par ailleurs, le Sénégal doit développer des partenariats avec les
grands éditeurs de progiciels pour créer des centres de compétences spécialisés
avec diverses technologies (exemple SAP, IBM, Oracle, Microsoft, etc.) et
accélérer la modernisation de l’administration et la mise en place des
e-services de l’État et les collectivités locales dans tous les domaines (état
civil, fiscalité, justice, éducation, santé, protection sociale, etc.).
Permettre l’accès des services numériques aux PME/PMI sénégalaises grâce
à des formules adaptées, des prix attractifs, modulables et mensualisés (dans
le modèle du leasing) serait également une piste à explorer.
Enfin, mettre en place une université de classe mondiale et un centre de
recherche du numérique pour favoriser le développement de l’innovation et
l’attraction des meilleures compétences africaines.
Le Sénégal est arrivé à une maturité historique où la prise de
conscience de ses forces et faiblesses devraient lui permettre de mieux
s’organiser grâce à des moyens financiers, humains et techniques. Avec le plan
initié sous la conduite du Président de la République M. Macky Sall, il semble
orienté vers une émergence irréversible. Dans cette perspective, c’est avec la
force de la conviction, le goût de l’effort sans relâche et la volonté
politique que le Sénégal saura prouver au monde que le sous-développement n’est
pas une fatalité.
Abou LY
Consultant
CCR France

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