La boulimie se traduit par un besoin
pathologique de nourriture qui pousse à manger abondamment sans forcément avoir
faim. Notre Assemblée
nationale qu'on espérait désintéressée et entièrement dévouée à l’intérêt
général serait-elle subitement affectée par cette maladie ?
Le « tong-tong » (partage de
viande) organisé par son Président sous forme de don en Francs CFA pour la
Tabaski, nous fait dire que cette maladie a planté ses racines au sein de
l'hémicycle. Et pourtant dans son règlement intérieur, il est écrit :
« Le député, élu du peuple, est un
représentant qualifié de la Nation. Le prestige et l’autorité de l’Assemblée
nationale, incarnation de la souveraineté populaire, sont les garanties d’une
démocratie véritable. L’Élu du peuple a des obligations de rigueur morale,
d’intégrité, de droiture et de dignité qui doivent se refléter dans son
comportement et sa vie de tous les jours. »
Cependant, cet appétit
insatiable, ce goût prononcé pour l'argent, n'honorent nullement ces honorables
députés qui sont loin d'incarner la rupture tant prônée. Ils nous refont le
même coup qu'en début de la législature de 2012 où ils s'octroyaient des
passeports diplomatiques ainsi qu'aux membres de leurs familles. C’est à
se demander s'ils sont là pour servir ou se servir. Toujours dans le même
règlement intérieur de l'Assemblée, on peut lire l'extrait suivant:
«Les députés perçoivent une indemnité
égale au traitement afférent à l’indice maximum de la hiérarchie générale des
cadres du personnel de la Magistrature, du personnel militaire et des corps de
fonctionnaires de l’État. La moitié de cette indemnité est représentative de
frais professionnels ».
À la lecture de ces rappels
tirés du R.I, il devient impossible de comprendre ou d’admettre que le Président
de cette auguste Assemblée, tel un guichet automatique, puisse distribuer 30.000.000
de nos francs aux députés. Au moment où nos concitoyens nous disent à longueur
de journée « Deuk bi dafa Macky », il est incroyable que les élus du
peuple soient aussi désinvoltes face à la morale et à certaines valeurs.
Sommes-nous tombés si bas ou est-ce nos députés qui ne comprennent pas le sens
premier de leur mission ? La Politique au sens noble du terme n'est pas
une sorte de jungle ou le « court-termisme », la nourriture immédiate
et le clientélisme font loi. C’est encore plus insupportable lorsque les
représentants du peuple sont les acteurs de ces pratiques car leur intégrité
est un socle de l’équilibre démocratique. La probité, l'honnêteté
"scrupuleuse", le désintéressement le plus total sont bien un minimum
attendu de ceux qui détiennent le pouvoir au nom du peuple.
Ce qui est exigé de
Moustapha Niasse et de ses collègues, c'est de jouer pleinement leur rôle de
pouvoir législatif en contrôlant l'activité gouvernementale et en proposant des lois qui vont dans le sens de soulager les
souffrances des populations. Le Président de la République a engagé un certain
nombre de mesures allant dans ce sens. La seule posture cohérente de notre
majorité parlementaire consiste à appuyer les initiatives salutaires de notre
gouvernement. Des députés qui ne songent qu’à se remplir les poches et à s’embourgeoiser
sur le dos des « gorgorlou » sont indignes de nous représenter. Tout
le monde peut commettre une faute de parcours, mais quand on agit avec légèreté
à certains niveaux de responsabilité républicaine, on doit être rappelé à l’ordre sans ménagement. Arrêtez donc cette boulimie nauséabonde et mettez vous au
service du peuple souverain !
Ben Yahya SY, CCR France/Sénégal

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