dimanche 13 octobre 2013

ENGAGEMENT INTELLECTUEL À L’APR : MISSION IMPOSSIBLE ?



« Les Sénégalais veulent un leadership de type nouveau…; un leadership capable de tisser et de fédérer des consensus dynamiques pour une gouvernance partagée ; un leadership qui combat l'arrogance et la violence ; un leadership soucieux d'une gestion vertueuse des biens publics, qui refuse la confiscation de ce qui appartient à tous, par un groupe ou un parti! » Macky Sall


À la veille de l’élection présidentielle de 2012, l'intérêt pour la chose politique s’était accentué au niveau des élites et des intellectuels du Sénégal. Cet engagement politique résultait d’une frustration, d’un sentiment d’avoir abandonné le pays aux politiciens professionnels qui, pendant près de 52 années, avaient décidé à leur place. Le leitmotiv était le même et sonnait comme un cri de ralliement : plus jamais ça !

Mais, que faut-il entendre par engagement politique? Au sens commun, l'engagement fait écho à une promesse ou à une convention morale ou formelle. On s'engage à faire quelque chose, à agir. S’il est politique, l’engagement consiste à adopter et à assumer publiquement des positions et des stratégies qui servent l’intérêt général. Cette 2ème définition s'illustre souvent dans l'implication des intellectuels et des artistes qui cherchent à sensibiliser leur public à travers les choix exprimés dans leurs expressions et leurs actions. Le Président Macky Sall du fait de son engagement, de ses discours sur la rupture, de sa sérénité devant certaines épreuves, fut le principal bénéficiaire de l’engagement des élites apolitiques. La Convergence des Cadres Républicains (CCR) fut un réceptacle de ces énergies à travers une de ses principales missions : servir de force de proposition pour l’Alliance Pour la République.

Aujourd’hui, la CCR est minée par une crise qui tourne essentiellement autour de querelles crypto-personnelles. Jamais, nous ne nous sommes mobilisés autour de questions de stratégies politiques et d’options économiques majeures. Toutes les forces, toutes les ressources intellectuelles de ceux qui prétendent être des cadres du parti ont été constamment mobilisées dans le cadre de joutes sans véritables enjeux. D’ailleurs, nous sommes aux abonnés absents lorsque les grandes questions d’enjeu national sont agitées. Cette carence tient simplement au fait que le statut de cadre est usurpé ou squatté. Posez juste une question : quelle est la définition du mot cadre dans nos statuts ? Dès lors, pourquoi s’étonner que nous soyons contraints, parfois, de défendre l’indéfendable, pourquoi s’étonner alors que les seuls moments où le google group explose c’est pour présenter des félicitations, des prières ou des condoléances. Les répondeurs automatiques, du moins les « hululeurs » professionnels, tiennent le crachoir en de pareilles occasions. Chaque fois qu’un militant est promu, c’est la course aux soutiens et aux félicitations à tout va, malheureusement sans convictions.

Dans les colonnes de la presse écrite, dans les studios de radio et de télé, nous sommes invisibles et inaudibles. Combien de cadres de la CEN prennent le risque de porter la contradiction dans la presse à certaines décisions du Président Macky Sall ? Combien de cadres du CEN interviennent sur des problèmes purement techniques qui concernent la vie de la nation. Je ne parle pas de rhétoriques autistes du genre « défendre le Président » ou de manichéisme simplet  "avec lui ou contre lui". Ceux qui tombent dans ces travers ne défendent même pas le Président. Au contraire, ils pensent travailler pour leur ascension sociale. Au lieu de chercher à forger une personnalité propre à la CCR nous nous sommes jusqu’ici contentés d’abriter des débats dont l’essence ultime est d’être des appendices de querelles entre politiciens.

La passion avec laquelle le problème de la cimenterie Dangote a été traitée dans le forum a également montré que nous avions même des problèmes pour discerner l’intérêt particulier de l’intérêt général. Nous refusons systématiquement les voix discordantes. On s’abrite commodément derrière la sensibilité de la question. Elle n’a rien de sensible. Il s’agit simplement d’un problème de morale, d’équité, de justice sociale & d’opportunités pour donner du travail à ces milliers de jeunes qui ne voient même plus le diable pour lui tirer la queue. Dans le Doing Business 2012, le Sénégal est classé 154 sur 183 derrière la Gambie le Mali le Burkina, le Liberia, le Malawi. Ce ne sont pas les chapelets qui nous permettront de remonter la pente !

Toutefois, la CCR ne manque pas de compétences. Il s’agit juste de séparer le bon grain de l’ivraie. Si depuis son élection, Macky Sall n’a pas formellement reçu la CCR et semble lui préférer les reliques du passé et les transhumants, c’est parce que la structure tarde a s’imposer dans le rapport de force que nécessite la politique. Dans tous les grands partis des grandes démocraties, il y a toujours une élite soutenue par le parti ou par le gouvernement et qui fait un travail d’autant plus important qu’il s’exécute dans une totale discrétion et en toute objectivité. La CCR doit viser ce rapport avec le pouvoir dont elle a participé à la conquête.
LANSSANA SAKHO, CCR Dakar

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