« Les
Sénégalais veulent un leadership de type nouveau…; un leadership capable de
tisser et de fédérer des consensus dynamiques pour une gouvernance partagée ;
un leadership qui combat l'arrogance et la violence ; un leadership soucieux
d'une gestion vertueuse des biens publics, qui refuse la confiscation de ce qui
appartient à tous, par un groupe ou un parti! » Macky Sall
À la veille de l’élection présidentielle de 2012, l'intérêt pour la chose
politique s’était accentué au niveau des élites et des intellectuels du
Sénégal. Cet engagement politique résultait d’une frustration, d’un sentiment d’avoir
abandonné le pays aux politiciens professionnels qui, pendant près de 52 années,
avaient décidé à leur place. Le leitmotiv était le même et sonnait comme un cri
de ralliement : plus jamais ça !
Mais, que faut-il entendre par
engagement politique?
Au sens commun, l'engagement fait écho à une promesse ou à une convention
morale ou formelle. On s'engage à faire
quelque chose, à agir. S’il est politique, l’engagement consiste à adopter
et à assumer publiquement des positions et des stratégies qui servent l’intérêt
général. Cette 2ème définition s'illustre souvent dans l'implication des intellectuels et des artistes qui cherchent à sensibiliser leur
public à travers les choix exprimés dans leurs expressions et leurs actions. Le
Président Macky Sall du fait de son engagement, de ses discours sur la rupture,
de sa sérénité devant certaines épreuves, fut le principal bénéficiaire de l’engagement
des élites apolitiques. La Convergence des Cadres Républicains (CCR) fut un réceptacle
de ces énergies à travers une de ses principales missions : servir de force de proposition pour l’Alliance Pour
la République.
Aujourd’hui, la CCR est minée par une crise qui tourne
essentiellement autour de querelles crypto-personnelles. Jamais, nous ne nous
sommes mobilisés autour de questions de stratégies politiques et d’options
économiques majeures. Toutes les forces, toutes les ressources intellectuelles
de ceux qui prétendent être des cadres du parti ont été constamment mobilisées
dans le cadre de joutes sans véritables enjeux. D’ailleurs, nous sommes aux
abonnés absents lorsque les grandes questions d’enjeu national sont agitées. Cette
carence tient simplement au fait que le statut de cadre est usurpé ou squatté.
Posez juste une question : quelle est la définition du mot cadre dans nos
statuts ? Dès lors, pourquoi s’étonner que nous soyons contraints, parfois,
de défendre l’indéfendable, pourquoi s’étonner alors que les seuls moments où
le google group explose c’est pour présenter des félicitations, des prières ou
des condoléances. Les répondeurs automatiques, du moins les « hululeurs »
professionnels, tiennent le crachoir en de pareilles occasions. Chaque fois qu’un militant est promu, c’est
la course aux soutiens et aux félicitations à tout va, malheureusement sans
convictions.
Dans les colonnes de la presse écrite, dans les
studios de radio et de télé, nous sommes invisibles et inaudibles. Combien de
cadres de la CEN prennent le risque de porter la contradiction dans la presse à
certaines décisions du Président Macky Sall ? Combien de cadres du CEN
interviennent sur des problèmes purement techniques qui concernent la vie de la
nation. Je ne parle pas de rhétoriques autistes du genre « défendre le Président » ou de manichéisme simplet "avec lui ou contre lui". Ceux qui tombent dans ces travers ne défendent même pas le Président. Au contraire, ils pensent travailler pour leur
ascension sociale. Au lieu de chercher à forger une personnalité propre à la
CCR nous nous sommes jusqu’ici contentés d’abriter des débats dont l’essence
ultime est d’être des appendices de querelles entre politiciens.
La passion avec laquelle le problème de la cimenterie
Dangote a été traitée dans le forum a également montré que nous avions même des
problèmes pour discerner l’intérêt particulier de l’intérêt général. Nous
refusons systématiquement les voix discordantes.
On s’abrite commodément derrière la sensibilité de la question. Elle n’a rien
de sensible. Il s’agit simplement d’un problème de morale, d’équité, de justice
sociale & d’opportunités pour donner du travail à ces milliers de jeunes
qui ne voient même plus le diable pour lui tirer la queue. Dans le Doing
Business 2012, le Sénégal est classé 154 sur 183 derrière la Gambie le Mali le
Burkina, le Liberia, le Malawi. Ce ne sont pas les chapelets qui nous
permettront de remonter la pente !
Toutefois, la CCR ne manque
pas de compétences. Il s’agit juste de séparer le bon grain de l’ivraie. Si depuis
son élection, Macky Sall n’a pas formellement reçu la CCR et semble lui
préférer les reliques du passé et les transhumants, c’est parce que la structure
tarde a s’imposer dans le rapport de force que nécessite la politique. Dans
tous les grands partis des grandes démocraties, il y a toujours une élite soutenue
par le parti ou par le gouvernement et qui fait un travail d’autant plus
important qu’il s’exécute dans une totale discrétion et en toute objectivité. La CCR doit viser ce rapport avec le pouvoir dont elle a participé à la conquête.
LANSSANA SAKHO, CCR Dakar

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