Le 28 octobre 2013, Madame
Aminata Touré, deuxième Premier Ministre sous l’ère Macky SALL a déroulé devant les représentants du
peuple la politique générale du gouvernement. Au-delà des axes déclinés
notamment la réduction des inégalités sociales, la relance économique et le
renforcement de l’état de droit et de la bonne gouvernance, le discours a été
marqué par la restauration des valeurs fondamentales gage d’un véritable
développement. Le Premier Ministre a profondément mis l’accent sur le travail,
la rigueur, la discipline, l’organisation et la reddition des comptes. Cette
invite au retour à des valeurs républicaines et morales est à saluer. Alors
qu’on a l’habitude d’entendre les Sénégalais dire que « khaliss kene dou
ko liguey, daniou koy lidianti », le PM a pris le contre-pied de cette
expression malheureuse et courante en affirmant haut et fort que « khaliss
daniou koy niakh ». C’était un moment fort apprécié du grand oral de Mimi
Touré.
Cependant, il faut aller plus
loin que le discours pour opérer une véritable rupture avec les pratiques
habituelles qui plombent notre développement socio-économique et moral, voire
spirituel. Dans l’immédiat, il est absolument indispensable d’opérer une
distance entre les contraintes de la politique partisane et l’urgence des affaires
étatiques. Par exemple, les tenants de fonctions hautement prenantes devraient
céder leurs rôles au sein du parti à d’autres camarades plus disponibles. On
pourrait ainsi atténuer l’invasion du palais, des ministères et des directions
générales par des militants et écarter les soupçons persistants de
clientélisme. Car, il suffit de faire un tour dans ces lieux censés être les
centres d’exécution de la vision et de la politique du Président de la
République pour constater à quel point ils font aussi office de permanence
politique pour les militants. C’est à se demander si les ministres et leurs
personnels trouvent le temps de travailler efficacement et rigoureusement,
entre les audiences et les coups de fils interminables. Malgré les larges
créneaux accordés aux discussions politiques, la majorité des militants
continue de se plaindre de l’inaccessibilité supposée des responsables promus.
L’autre avantage d’une séparation entre fonctions étatiques et rôles au sein
des structures serait de se pencher sérieusement sur l’organisation urgente de
nos forces politiques
Ces remarques libres, spontanément
formulées, font partie des difficultés qui expliquent le décalage entre les
théories et la réalisation des projets de notre gouvernement, pourtant,
pertinents et salutaires. Après la déclaration de politique générale, saluée
par beaucoup d’observateurs ainsi que les populations, on espérait voir les ministres « envahir » les médias pour approfondir et compléter le discours de
politique générale sur ses aspects sectoriels et techniques. Nous savons tous
que le format de la déclaration de politique générale ne permet pas
d’expliquer, dans les détails, les priorités des politiques à mettre en œuvre.
Les ministres, dans leurs départements respectifs doivent nous dire comment et dans
quel horizon les projets et les réformes annoncés dans la politique générale
seront mises en exécution. Sinon, quel l’intérêt de retenir, pendant 8 heures,
l’attention du peuple, si une pédagogie efficace des priorités retenues n’est
pas développées par les membres du gouvernement ?
Le mandat du Président Macky
SALL placé sous le sceau de la rupture impose un courage politique sans
précédent. Ce courage se traduirait d’abord par une haute compréhension et une
application sans faille de la célèbre formule du président de la
République : « la patrie avant le parti ». Donner un contenu
rationnel, dans tous les domaines, à cette profession de foi patriotique serait
une manière de répondre à beaucoup d’attentes. Car, les Sénégalais sont profondément
traumatisés par les iniquités qui ont sévi dans notre pays durant le règne de
Wade. Pour éviter qu’elles deviennent des habitudes incontournables, il faut
vite siffler la fin de la recréation. C’est à ce niveau que le premier ministre
Mimi Touré nous rassure plus. Elle aborde, en effet, sans tabou, la nécessité
de combattre ceux qui trichent pour parvenir à leurs fins. Et, quand on connaît
leur proportion, leurs pouvoirs et leurs influences dans notre société, la
démarche paraît moins tautologique. Mimi mérite, en cela, un soutien entier,
notamment de la part de la Convergence des Cadres Républicains envers laquelle,
elle a manifesté, la semaine dernière au Radisson Blu de Dakar, un enthousiasme
sans précédent. Nous espérons la recevoir à Paris où la plus dynamique CCR de
l’Alliance entend mettre à sa disposition ses talents pour l’exécution et la vulgarisation
du Yoonu Yokkuté.
Amadou Bâ, CCR France

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