«Il n’y a pas de vent
favorable pour qui ne connaît pas son port.» Sénèque
Imperturbable, le
président Macky Sall avait laissé entendre que la restructuration de l'APR n’était
pas opportune avant les Locales du 29 juin 2014. Malgré toutes les pressions
internes qui rejetaient sur lui la responsabilité du désordre supposé ou réel
du parti, il préféra se consacrer aux priorités nationales de l’émergence. Sous
l’angle politique, on peut imaginer que cette stratégie était une manière
d'observer comment son parti, sans sa présence souhaitée, allait résister à
l'épreuve du pouvoir qu'il avait brillamment conquis. Face aux appels du
pouvoir, aux ambitions nouvelles et à la nécessité de conserver les acquis, les
structures de l’APR se retrouvèrent relativement affaiblies. Leurs principaux
responsables étaient désormais aux affaires et ne pouvaient plus poursuivre le
travail d’animation des instances. Les autres membres, limités par le
dispositif réglementaire du parti et l’exclusivisme de certains responsables
évoluaient en vase clos en cherchant des solutions sur fond de querelles
fratricides. Cette atmosphère de méfiance et de tensions annonce inexorablement
des configurations nouvelles plus durables. Le président Macky Sall était, sûrement,
bien avisé d’avoir laissé les structures du parti trouver elles-mêmes leur
maturité naturelle. Une restructuration assistée ou parrainée aurait sans doute
compliqué la situation en accentuant les frustrations.
En France, depuis
le 1er mars, un vent de changement souffle sur les structures de
l’APR, avec la nécessaire refonte du parti par une transformation des pratiques
et une adaptation aux nouvelles réalités. Cette transition démocratique
engagée par la Convergence des Cadres Républicains semble s’être propagée,
puisque le Mouvement National des Femmes Républicaines lui a emboité le pas le
03 mai dernier. Au cours d’une rencontre pouvant constituer
le point de départ d’une véritable représentativité et d’une reconnaissance structurelle
légitime au niveau du parti, les Femmes de l’APR France ont impulsé une
dynamique à saluer. L’aboutissement de cette
structuration devrait créer plus d’efficience politique et, parallèlement, renforcer
l’intégration des Femmes à des fonctions stratégiques. Cela atténuerait, peut-être,
certaines limites réelles de la parité liées au confinement socio-culturel de
la majorité des Sénégalaises dans des rôles encore secondaires. Cependant,
malgré le mérite manifeste de vouloir structurer enfin le Mouvement National
des Femmes Républicaines APR FRANCE, le processus de formation du bureau ne
semble pas avoir fait l’unanimité. Les défis sont encore là et, en dépit de la
grande ouverture des postes au sein de l’instance dirigeante, la polémique ne
s’est pas totalement estompée.
En dehors de
certaines critiques liées à l’information et à l’organisation de la rencontre
du 3 mai, la désignation des femmes devant conduire le mouvement ne s’est pas
reposé sur des critères de compétences, de représentativité et d’engagement.
Cela ressemblait plus à des appels à candidature à la cantonade où les
intéressées exprimaient leur choix sans, visiblement, se soucier des missions
correspondantes. Dans un tel
contexte, peut-on vraiment imaginer l'émergence d'une conscience politique
féminine ? Ce cocktail explosif n’aura
pas tardé à faire resurgir les démons de la politique sénégalaise, car au
moment de prononcer la validation de ce large bureau de petit consensus, les
représentants de la Délégation des Sénégalais de l’Extérieur (DSE) se mirent à
s’apostropher vertement jusqu’à l’injure suprême de nos cultures. Ceux qui
connaissent l’histoire des structures de l’APR de France n’ont pas semblé
s’émouvoir outre mesure car, paraît-il, il était temps que la prise en otage du
parti se termine. Depuis l’élection du président Macky Sall, on assiste à des
tentatives de coup de force sans se soucier des règles élémentaires de la
démocratie. L’opacité et l’absence de culture d’évaluation sont érigées en
règle. Le meeting du 7 décembre 2013 qui reste le plus grand évènement
politique du parti depuis l’arrivée l’APR au pouvoir, n’est, à ce jour, pas
évalué. Le travail de conscientisation et
de sensibilisation du Mouvement National des Femmes Républicaines APR FRANCE ne
peut donc pas s’appuyer sur une théorisation et une conceptualisation de ses
aspirations par la DSE. Dès lors, il appartient au mouvement des Femmes de
rassembler ses forces pour tendre vers
un collectif conscient et agissant.
Le MFRF a toute sa
place au-devant de la scène politique et doit se donner les moyens de
s’approprier les instruments mis à sa disposition, entre autre le Plan Sénégal
Emergent (PSE), qui le concerne à tous ses niveaux d’exécution. Le Mouvement doit mettre l’accent
sur ses différents axes, et plus particulièrement, ceux concernant la promotion
de l’équité et l’égalité de genre. Il demeure évident que sans la
maitrise de quelques enjeux élémentaires, les orientations stratégiques qui
guideront les initiatives prises par les Femmes Républicaines se traduiraient
par un certain nombre de difficultés en particulier celles relatives à leur
prise en compte au sein des différentes structures et administrations. Des projets superficiels et des
animations politiques essentiellement folkloriques ne sauront caractériser les
Femmes et prendre le dessus sur un militantisme actif et responsable. D’ailleurs
leur supériorité numérique ne fait-elle pas du Mouvement National des Femmes
une force que nul ne peut négliger lors des scrutins et des prises de
décisions? Un Mouvement National
des Femmes Républicaines fort d’une représentativité qualitative et
quantitative, pourrait avoir un effet d’entrainement dans la structuration du
parti si et seulement si elle réussit à garantir une gestion participative
intégrée, solidaire, ordonnée, efficiente et démocratique.
C’est donc à
travers un changement d’approche, un renforcement des principes démocratiques et
une nouvelle dynamique d’ouverture et de massification que le Mouvement
National des Femmes Républicaines de France jouerait pleinement son rôle. Pour
cela, il est nécessaire d’avoir une écoute attentive et respectueuse des sympathisantes et militantes. La réussite des structurations amorcées
passera, d'une part, par la validation et la légitimation des processus de
désignation et le respect des choix de la majorité et, d'autre part, par une
gestion irréprochable des structures et des administrations de l'APR d'ici et
d' ailleurs.



