mardi 17 décembre 2013

À L’AUBE DE NOTRE RÉPUBLIQUE




« La politique est la forme moderne de la tragédie », André Malraux

Le 17 décembre 1962 notre jeune République traversait une terrible crise politique dont les séquelles sont encore sensibles sur les plans économique, politique, social et culturel. Cette crise mit un terme à dix-sept ans de compagnonnage entre deux hommes politiques qui avaient tout pour réussir à poser les fondements d’une nation prospère et émergente : Léopold Sédar Senghor, et Mamadou DIA. Pour illustrer la complémentarité entre les deux hommes, Roland Colin, qui fut l’élève de Senghor à l’ancienne ENFOM (École Nationale de la France d’Outre-Mer) et un des plus proches collaborateurs du Président Mamadou DIA,  écrivait : « la marche à l’indépendance fut une rude aventure, entre l’impatience motrice de Mamadou Dia et la prudence résignée de Léopold Senghor. L’un et l’autre constituaient une équipe miraculeuse pour franchir les obstacles. Ils le firent ensemble jusqu’au drame de décembre 62». Sans vouloir revenir sur les péripéties politiques qui ont conduit à ce douloureux évènement, nous pouvons affirmer que cette crise a porté un coup dur à l’ambition que les deux hommes avaient pour notre pays. Le but, ici, n’est pas d’alimenter une polémique entre Senghoristes et Diaistes, il s’agit plutôt, par devoir de mémoire et, sans doute, par reconnaissance républicaine, de revisiter un moment déterminant de l’histoire de notre pays, afin d’en tirer des enseignements pour envisager, avec sérénité, l’avenir. Roland Colin nous disait un jour : « Aujourd’hui est le fils d’hier et le père de demain ». Ce truisme temporel est au cœur de cet hommage.

Nous pouvons nous glorifier d’avoir un État démocratique qui demeure un modèle sur le continent africain. Malgré toutes nos autres fragilités, nos institutions et l’esprit de notre peuple nous ont garanti, jusqu’ici, des alternances saluées dans le monde entier. Ces acquis sont appréciables mais notre pays est toujours dans une situation de pauvreté caractérisée par une dégradation des conditions de vie à l’intérieur du pays avec des déséquilibres économiques et sociaux criardes et une crise profonde des valeurs morales et citoyennes. Le choix d’éduquer les masses est une vision qui mérite, plus que jamais, une actualisation. Inventer l’avenir comme le préconisait Thomas Sankara qui était très attentif à la politique de Dia peut consister, en ce qui concerne le Sénégal, à définir une politique de développement holistique. Mamadou Dia voulait que toutes les couches de la population soient sensibilisées aux initiatives de l’État pour prendre une part active dans leurs réalisations. Aspirant ainsi à une Nation comptant sur ses propres forces, Dia en accord avec Senghor, avait conçu le premier plan quinquennal avec l’équipe du père Lebret pour établir les jalons d’une économie solide gage d’une véritable autonomie. Cette stratégie mise en œuvre dès 1958 était une voie salutaire pour l’Afrique à l’aube des indépendances, car elle s’enracinait dans les réalités socio-culturelles de notre pays. Ce plan a donné naissance à l’animation rurale, un mécanisme décisif au service de la démocratie participative et du développement. 

Senghor, en tant que défenseur infatigable de l’identité noire à travers la négritude, théorisait un message universel appelant au métissage des intelligences, des cœurs et des projets humains. Les deux dirigeants affichaient une belle complémentarité pour notre pays car pour paraphraser le philosophe Bachir Diagne « On ne peut pas, économiquement, avoir raison si, culturellement, on a tort ». L’État était incarné par Dia avec tout ce que cela exigeait de fermeté, d’organisation et d’impartialité tandis que les utopies nécessaires à l’émergence d’une nation forte et équilibrée émanaient de Senghor avec tout ce que cela comporte de compromis habiles. C’est en cela que les procès faits hâtivement à ces deux grandes figures de notre histoire sont souvent injustes. Ils oublient un contexte difficile où une prise de conscience rapide des anciennes colonies françaises était une véritable hantise pour l’ex puissance coloniale. Les indépendances cachaient un prolongement de la dépendance et un maintien des nouveaux États dans une situation de balkanisation. En interne, des synarchies maraboutiques consolidaient un héritage souvent incompatible avec l’indivisibilité d’une nation. Avec de telles contraintes, le duo Senghor/Dia aura, au moins, réussi à fonder une patrie dont on peut être fier, en dépit de l’épisode malheureux que Roland Colin, en sa qualité de témoin, décrivait ainsi : « ce que l’on a nommé « coup d’État », bien abusivement, dans le discours des événements qui suivirent, n’avait été, en réalité, qu’une péripétie, à la fois dérisoire et tragique, traduisant un non-sens humain et politique, et rejetant Senghor dans la solitude dorée des honneurs de la République, et Dia dans celle, infiniment cruelle, de la prison brûlante de Kédougou. D’une certaine façon, un drame à hauteur de l’antique tragédie grecque, au grand dam de l’histoire africaine, qui avait bien besoin de ces deux hommes ensemble. Un épisode tragique, dans la série des drames du continent qui virent tomber une série de figures emblématiques : Lubumba, Amilcar Cabral, Thomas Sankara et tant d’autres champions de la démocratie et de la liberté ».

Plus de cinquante ans après, le Sénégal fait face à de nombreux défis que l’actuel régime a la lourde tâche de relever. Il en est ainsi de la nécessité du redressement économique qui passe par la restauration des valeurs républicaines, la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance sans lesquelles toute initiative politique est vouée à l’échec. La rigueur, le pragmatisme et l’intégrité morale de Dia ainsi que la posture d’homme d’État et la dimension multiculturelle de Senghor sont des qualités nécessaires pour mener le Sénégal vers l’émergence. Malheureusement, ces événements de décembre 1962 semblent avoir engendré une dévaluation inquiétante de l'autorité, qui a coïncidé avec une montée du mensonge et de la violence. Depuis les années 2000, notre pays fait face à des régressions multiples. La compétence et l’éthique sont devenues des handicaps dans le champ politique sénégalais tandis que sont adulées et récompensées la trahison, la lâcheté, l’imposture et la médiocrité. C’est en réponse à ce constat malheureux que le président Macky Sall appelle à la restauration des valeurs républicaines. Mais, le plus difficile, manifestement, réside dans la capacité de traduire en acte cette volonté.

Enfin, une bonne lecture des sacrifices humains et politiques de notre histoire devrait créer un engagement fort pour une Afrique unie et autonome. La présence française en République Centrafricaine et au Mali montre, si besoin, la vulnérabilité de nos États post-indépendants. Notre responsabilité est de nous approprier, sans nostalgie ni passion notre histoire pour trouver des équilibres d’avenir. Cela passe d’abord par l’éducation à la base et au sommet car c’est à ce niveau essentiel que l’on mesure le chemin qui nous sépare du développement.
Amadou Bâ, CCR France

dimanche 15 décembre 2013

AMANDLA !





« La politique peut être renforcée par la musique, mais la musique a une puissance qui défie la politique. » Nelson Mandela



Au nombre des millions d’anonymes qui vénèrent Madiba, ma voix sera, certainement, un soupir indistinct devant celles plus autorisées des privilégiés qui ont approché le grand homme. Néanmoins, de mon humble existence, je tiens à partager quelques temps forts qui sont directement liés aux aspects les plus connus de la vie de Nelson Mandela. Car, d’une certaine manière, chaque être lui doit une fière chandelle pour la grandeur et la dignité qu’il a su inscrire dans l’histoire de l’humanité. Mon témoignage serait mon hommage, si mon insignifiance devant la mémoire de ce géant ne devait pas me confiner à un recueillement silencieux.


Lorsqu’Hector Pieterson tombait sous les balles de la police de l’apartheid, j’avais exactement 1 an. C’était pendant les émeutes de Soweto qui ont inspiré le film Sarafina ! (1992) qui me poussera, plus tard, à m’intéresser à cette sombre page de l’histoire de l’Afrique du sud. Mandela était déjà au bagne depuis presque 15 ans et les élèves noirs résistaient en refusant la langue Afrikaans que l’oppresseur voulait imposer comme langue d’enseignement. Les images insoutenables de la répression de cette manifestation secouèrent le monde. Mais, véritablement, ma rencontre avec Nelson Mandela, toute proportion gardée, remonte aux années 1980. Comme tous les écoliers d’Afrique de ma génération, je découvrais cette énigmatique phrase en rouge au-dessus des tableaux noirs des salles de classe bondées : L’APARTHEID EST UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ. Chaque instituteur devait lire et expliquer ces mots à des enfants qui, pour la plupart, en étaient seulement aux syllabaires. L’exercice n’était pas toujours aisé; il fallait illustrer tous les termes clés. En définitive, l’approche tournait autour du parcours et de la personnalité de Mandela. L’effet était assuré. Il faut dire que le rêve d’une conscience noire universelle était encore vivant chez beaucoup de lettrés africains. Quant à nous, jeunes enfants d’Afrique, à cheval sur de multiples initiations et expériences structurantes, nos imaginaires avaient des horizons infinis. C’est donc assez naturellement que la geste de Madiba fut admirée et assimilée, en réponse à notre soif diffuse d’héroïsme et de renaissance. Dès lors, une sorte de veille informelle s’était spontanément mise en place. On comptait les jours, les mois, les années ; on s’enquérait de la situation en Afrique du sud et on parlait de Nelson Mandela jusque dans les hameaux les plus improbables. Les artistes et, particulièrement les musiciens, troubadours modernes, s’emparèrent de cette épopée contemporaine.


Mon premier choc émotionnel, à ce propos, a été le concert mythique des 70 ans de Mandela à Wembley en juin 1988. Je le découvris, plus tard, sur une cassette VHS qu’un oncle avait généreusement sauvegardée. Cet événement musical exceptionnel de 11 tours d’horloge, diffusé sur la BBC et vu par près d’un milliard de personnes malgré les censures, a été un tournant décisif dans le rejet de l’apartheid. Au-delà de sa charge politique particulièrement puissante, subtile et efficace, ce concert me fit aimer les plus grands musiciens et groupes de l’époque : Myriam Makeba, Peter Gabriel, Eurythmics, Tracy Chapman, Al Green, Dire Straits, Sting, Whitney Houston, Stevie Wonder, George Michael Harry Belafonte, Hugh Masekela, Eric Clapton, Joe Cocker, Bryan Adams…et bien sûr notre Youssou Ndour national dont on oublie parfois qu’il a toujours été au top dans la cour des grands pour les causes justes. Avec le recul, il me paraît possible que mes préférences esthétiques et éthiques et, plus globalement, la construction de ma personnalité aient pu être influencées par les réactions artistiques à l’apartheid. Ce « Nelson Mandela 70th Birthday Tribute », désormais accessible en version électronique figure en bonne place au panthéon de mes fétiches. Le stade de Wembley que j’ai visité comme un lieu de pèlerinage en août 2012, réalisant ainsi un rêve d’adolescent et conjurant mon regret de ne pas avoir été là au meilleur moment, est aussi un symbole subjectif de mon rapport à Madiba.


À la libération de Mandela le 11 février 1990, ma jeune conscience était déjà sensibilisée à l’enjeu d’un tel événement. Les moyens de communication n’étaient pas encore ceux d’aujourd’hui mais ses discours prophétiques avaient un impact planétaire. Ses tournées dans les pays ayant condamné les horreurs de l’apartheid révélaient au monde la dimension du personnage. Son propos ne souffrait d’aucune amertume ou d’esprit revanchard. Une telle hauteur était, au-delà cette Afrique du sud très éprouvée par un système radicalement inique, un défi et un appel à la fraternité mondiale. Pendant ce temps, toutes les mélodies d’inspiration sud africaine me pénétraient par tous les pores. De Nkosi Sikileli Africa à Shosholoza en passant par les inimitables Ladysmith Black Mambazo et le cultissime Asibonanga de Johnny Clegg, j’étais ouvert à tout ce qui renvoyait aux cultures sud africaines. C’est aussi au début des années 1990 que je regardais, pour la première fois, l’excellente saga Shaka Zulu du génial William Faure (mort à 45 ans en 1994 !). Avec un réalisme et une charge quasi mystiques, cette série s’est imposée dans mes représentations favorites des forces africaines traditionnelles. Bref, les années 1990 furent très riches en symboles. La prestation de serment de Mandela le 10 mai 1994 en tant que président de la République d’Afrique du sud et ses nombreuses médiations pour la paix (Zaïre, Soudan, Rwanda, Angola…) étaient aussi des moments forts de la décennie. Sa proximité assumée avec l’Algérie, Kadhafi, Fidel Castro, Yasser Arafat, parias déclarés des relations internationales, est la preuve qu’il est véritablement le « capitaine de son âme ».


Le tournant des années 2000 n’a pas été de tout repos pour le grand homme. S’étant officiellement retiré de la scène politique, il employait, cependant, sa retraite méritée à des soins et au soutien des causes humanistes. Il dira à ce sujet : « Personne ne pourra se reposer en paix tant que des gens seront courbés par le poids de la faim, des maladies, du manque d'éducation, et tant que des millions d'autres personnes à travers le monde vivront dans l'insécurité et la crainte quotidienne ». Je retiens, pour ma part, son opposition ferme à la guerre contre l’Irak et, pour terminer sur une note d’espoir, les concerts de la Fondation Nelson Mandela. Sous le titre 46664 (numéro de prisonnier de Mandela), ces rencontres musicales, ont pour but la lutte contre la pauvreté et le sida. Celle de 2008 à Hyde Park à Londres, à l’occasion des 90 ans de Madiba, m’aura marqué avec les prestations de Vusi Mahlasela et d’Amy Winehouse. Toutefois, je préfère l’iconique mari de Winnie au point levé au patriarche souriant avec dignité à la mort.


Nelson Mandela a été inhumé ce matin à Qunu terre de ses ancêtres. Il y a, dans les hommages planétaires rendus à l’éminent homme, une infinité de leçons capables d’améliorer notre existence. À ce que Montaigne désignait par l’humaine condition, ce qu’Hugo exprimait par « quand je vous parle de moi, je vous parle de vous », ce que Malraux suggérait dans La condition humaine et même ce que le surréaliste Breton proposait en réponse à la question « qui suis-je ? » Mandela a trouvé et vécu la réponse : Ubuntu. Loin des préceptes modernes du développement personnel, cette philosophie qui résume les qualités humanistes les plus fortes et les plus universelles doit nous accompagner dans notre lutte quotidienne contre nos propres démons.

Repose en paix Madiba !
 Latyr DIOUF

dimanche 1 décembre 2013

LETTRE OUVERTE





À Monsieur Macky Sall
Président de l’Alliance Pour la République
Président de la République du Sénégal

Paris, le 1er décembre 2013
Monsieur le président,

Aujourd’hui, l’APR fête ses cinq ans. Nous avons l’immense fierté de vous adresser nos plus chaleureuses félicitations pour le souffle extraordinaire que vous avez donné à cette famille politique. Nous nous glorifions, sans prétention aucune, des performances exceptionnelles que nous avons réalisées ensemble. Trois ans et trois mois seulement après la création de notre parti, vous arriviez au pouvoir avec un plébiscite qui ne souffre d’aucune zone d’ombre. Les spécialistes les plus au fait de la chose politique sous nos cieux s’étonnent encore de ce résultat que certains qualifient d’historique, tandis que d’autres parlent carrément de miracle. Pour nous et pour tous ceux qui étaient avec vous à toutes les étapes de cette conquête du pouvoir, il y a une explication très rationnelle à ce phénomène. Vous aviez organisé et réussi votre rendez-vous avec le peuple sénégalais, tout simplement. Vous leur aviez parlé sincèrement et votre YAKAAR était devenu l’espoir de tout un peuple. Nos félicitations et nos vœux vont également à tous les Républicains qui se battent sans réserve pour sortir notre fragile nation de l’ornière sans oublier de nous incliner devant la mémoire des tirailleurs sénégalais massacrés à Thiaroye le 1er décembre 1944.

Aujourd’hui, monsieur le président, les Sénégalais de l’extérieur sont sensibles à votre engagement inédit pour les couches sociales les plus défavorisées (bourse familiale, CMU, soins gratuits pour les moins de 5 ans…). Ils approuvent vos efforts pour le renforcement de nos institutions, l’assainissement des finances publiques, la traque des biens mal acquis et, surtout, votre détermination à maintenir le cap difficile d’une gouvernance sobre et vertueuse où le travail, la solidarité, la dignité et l’humilité seraient plus que des mots. La modernisation de notre agriculture, pour définitivement éloigner l’insécurité alimentaire, fait parti de vos priorités les plus porteuses d’espoir. L’attention particulière que vous accordez à la diaspora nous encourage, par ailleurs, à vous soutenir et à vous défendre plus que jamais. Le lancement, la semaine dernière, de la 1ère phase du FAISE (Fond d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur) est une preuve chaude de cet intérêt. Nous rappelons, volontiers, la possibilité donnée à nos concitoyennes de transmettre la nationalité à leurs enfants et, sans être trivial, l’augmentation de la limite d’âge des voitures entrant au Sénégal. Mais, c’est surtout le projet de la 15ème région et les nominations de Sénégalais de l’extérieur à des postes de responsabilité qui marquent cette confiance.

Aujourd’hui, monsieur le président, votre contrat de confiance avec les Sénégalais est, toutefois, éprouvé au quotidien par les agissements de certains responsables qui doivent et disent vous servir. Leur opportunisme ne brille que par un déni des dynamiques d’avenir et une fuite en avant peu pertinents pour le pays et pour une formation politique aussi prometteuse que la nôtre. Ils fabriquent ainsi des frustrations et des démotivations incompatibles avec l’atteinte de nos objectifs. Les analogies de plus en plus récurrentes avec le régime précédent nous mettent mal à l’aise car nous constatons, parfois, avec regret, certaines persistances de pratiques contre lesquelles nous avions dépensé tant d’énergie. La diaspora, jadis fer de lance du rayonnement de l’APR, est dans une situation de chaos artificielle insupportable. En France où tout a commencé, aime-t-on dire, la Délégation des Sénégalais de l’Extérieur et ses organes, du moins ce qu’il en reste, n’ont plus la moindre étoffe. Ils se sont engagés dans une chimère ubuesque qui consiste à brider toute initiative politique allant dans le sens de l’ouverture et de la démocratie interne. Chaque rencontre devient une occasion d’étaler les carences et l’absence de crédibilité de nos structures parsemées. Ceux qui sont envoyés de Dakar pour s’enquérir de la situation sont souvent témoins de cette déliquescence. Les militants sont, pourtant, toujours fidèles à l’idéal de notre alliance et continuent de répondre à tous ses appels.

Aujourd’hui, Monsieur le Président, les militants de France comptent les jours, depuis l’annonce de votre prochaine visite qu’ils savent plus longue que les précédentes. Ils ont besoin d’être entendus, rassurés  sur le sens de leur engagement. Privilégiez, monsieur le président, le contact direct avec eux car les relais ont failli. Ces relais n’ont jamais rechigné à brouiller les chemins qui mènent à vous. Ils n’hésitent pas à taire et à cacher à vos partisans les plus résolus les informations pratiques nécessaires pour vous accueillir, vous écouter et vous accompagner. Ils leur ôtent ainsi jusqu’à ce plaisir d’une reconnaissance fugace qui ne mange pas de pain : une poignée de main à votre résidence, au salon d’honneur d’Orly ou de Charles de Gaulle. Et quand vient l’heure d’échanger sur la vie du parti, ils remplissent votre précieux temps d’ennui et de banalité. Quelque soit le format trouvé pour les rencontres tant attendues de cette semaine, il nous semble absolument nécessaire que les expressions des militants soient prises en compte. Les plus lucides vous diront, sans doute, que la structuration des organes de la DSE est urgente et largement à notre portée. Car, il s’agit de combler des vides réels. D’autres, tout aussi vigilants, auront remarqué, avec tristesse, l’absence d’Alioune Badara Cissé à vos côtés à l’occasion de cette fête de l’APR et ne manqueront pas de vous prier de le réhabiliter.

Monsieur le président, enfin, nous sommes honorés de vous souhaiter la bienvenue. Persuadés que cette lettre n’échappera pas à votre bienveillante attention, nous vous souhaitons un bon voyage et vous renouvelons, monsieur le président, notre loyauté et notre  dévouement républicains.

Amadou BÂ, Latyr DIOUF & Ben Yahya SY, CCR France